L'éditorial d'Adama Koné/Chine-Afrique : La promotion de la destinée mondiale

L'éditorial d'Adama Koné/Chine-Afrique : La promotion de la destinée mondiale

Le 27/08/24 à 09:25
modifié 27/08/24 à 10:28
La Chine accueille, du 4 au 6 septembre prochain, dans sa capitale, Beijing, le quatrième Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac). L’empire du Milieu et les représentants des 53 pays membres du continent noir vont réfléchir sur des échanges mutuellement profitables dans le cadre d’une coopération Sud-Sud.

Une initiative inspirée de la détermination du Président chinois, Xi Jinping, à faire des pays en développement une force imposante dans l’avenir du monde.

Toute personne qui a eu la chance de parcourir les 13 197 kilomètres qui séparent Abidjan de la capitale chinoise, Beijing, en 15h 52 minutes (direct), la question suivante vient automatiquement à l’esprit.

Comment un pays aussi équipé en infrastructures socio-économiques, comment un pays disposant d’autant d’industries alimentaire, automobile, électronique, d’industries de pointe, etc. reste-t-il toujours classé parmi les pays émergents ? Il est clair que les critères de démographie et certains ratios sociologiques sont pris en compte. Mais l’Empire du Milieu reste à bien des égards, très proche des installations observables en Occident.

Si les pays en voie de développement peuvent être assimilés à un immeuble de quatre niveaux, on peut aisément affirmer que la Chine partage le quatrième palier, pendant que d’autres sont à des étages inférieurs, et même au sous-sol pour les derniers.

N’empêche, la Chine considère aujourd’hui tous ces pays comme étant embarqués dans le même avion. Tous ont la même destination : le développement, même s’ils ne sont pas dans les mêmes compartiments. A l’arrivée, tout le monde se retrouvera au même aéroport, peu importe que certains soient en première classe et d’autres en classe économique.

C’est exactement cette prise de conscience qui guide l’intention de la Chine. L’initiative chinoise de développer l’axe avec l’Afrique n’est pas une entreprise fortuite. Le pays donne aux Africains, une autre option de l’intégration. Une autre vision qui s’appuie sur la communauté de destin. C’est le rendez-vous du donner et du recevoir. On ne partage pas la misère. Et bien plus, il serait désolant de développer une sorte de solidarité dans le mal.

Même si elle a une bonne longueur d’avance, la Chine reste convaincue qu’un monde d’équilibre n’est pas celui qui creuse le fossé entre les pays riches et les pays pauvres. Mais une planète vertueuse où toutes les communautés tirent leur épingle du jeu.

Cette vision est portée par le Président Xi Jinping. Dans le tome IV de son livre intitulé « La gouvernance de la Chine », de 717 pages, le Président chinois part de l’expérience de son pays, pour partager les bonnes pratiques d’un système qui aura fait ses preuves.

Pour lui, le multilatéralisme doit être la lampe qui éclaire la marche en avant de l’humanité. « L’Histoire est en marche et le monde ne sera jamais comme avant. Chaque décision, chaque action que nous posons aujourd’hui façonnera l’avenir du monde », dit le guide chinois. Estimant qu’il est important pour l’humanité d’accomplir quatre tâches majeures.

La première part du constat qu’avec la pandémie de la Covid-19 et la crise de 2018 aux États-Unis, le monde a traversé la récession la plus grave depuis la fin de la seconde guerre mondiale. « Pour la première fois dans l’Histoire, les économies de toutes les régions ont été durement touchées en même temps.

Les chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales sont entravées, le commerce et l’investissement sont restés faibles ». Xi Jinping ne croyait pas si bien dire en 2021, au regard aujourd’hui des conséquences de la crise russo-ukrainienne.

C’est pourquoi, il appelle au renforcement de la coordination des politiques macro-économiques. Pour la Chine, c’est main dans la main que la planète terre parviendra à une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive.

L’idée est de parvenir à de nouveaux moteurs et modes de croissance de l’économie mondiale. Ainsi, sa structure sera perfectionnée et elle empruntera une voie de développement sain et régulier sur le long terme.

La deuxième tâche à accomplir selon le Président chinois est d’éviter le piège des différences. « Chaque pays est unique avec son histoire, sa culture et son système social. Aucun n’est supérieur aux autres (...). Il n’y a pas de civilisation humaine sans diversité, et cette diversité existe et existera pour toujours.

Ce qui est à craindre, ce n’est pas la différence, c’est l’arrogance, le préjugé et la haine ; c’est la tentative de hiérarchiser les civilisations et d’imposer l’histoire, la culture et le système social de l’un d’eux », consigne-t-il dans son livre.

Partant, les pays sont appelés à rejeter les préjugés idéologiques pour bénéficier d’une coexistence pacifique dans le cadre d’une coopération gagnant-gagnant. La base serait le respect mutuel et la recherche d’un terrain d’entente face aux différences. Une position qui rappelle fortement l’attitude des pays asiatiques qui ont réussi à garder le pied dans la tradition et la tête dans le modernisme.

La troisième recommandation de Xi Jinping est de réduire l’écart entre le Nord et le Sud. L’égoïsme des pays développés doit disparaître. Il n’est pas porteur de développement durable. Plus le fossé sera profond, plus l’humanité sera déséquilibrée. Comme quoi, il faut apprendre à l’enfant à pêcher plutôt que de lui donner du poisson.

La moisson n’en sera que plus abondante, pour un même niveau de consommation. Les fruits du développement doivent être équitablement partagés entre les Nations pauvres et riches.

Les pays développés doivent honorer leurs engagements envers les pays en développement, tout en garantissant leurs droits et intérêts légitimes, en promouvant l’égalité des droits. C’est que, pour Xi Jinping, le développement des pays du Sud facilitera ou permettra de consolider la base de la prospérité et de la stabilité mondiale. Toute chose qui profitera également aux pays développés.

Le quatrième enseignement que partage le Président chinois relève de la prévention. Il bâtit son analyse sur deux considérations. La terre est notre seul foyer et la crise de la Covid-19 qui enseigne la communauté de destin sanitaire. Il estime qu’il faut s’attendre à des défis urgents comme cette pandémie, à l’ère de la mondialisation.

« Aucun problème mondial ne peut être réglé par un seul pays. Nous devons intensifier nos efforts pour lutter contre le changement climatique et promouvoir un développement durable. Car c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu. Il est impératif d’avoir l’action mondiale, la réponse mondiale et la coopération mondiale », conclut Xi Jinping.

Dans quelques jours, la destination Chine sera le point de convergence de la plupart des Africains. Ils s’abreuveront de l’esprit de respect mutuel, du concept de la communauté de destin et de l’intérêt de s’attaquer aux défis du monde de manière inclusive. Et le challenge pour eux sera de donner vie aux bonnes intentions qui seront exprimées.


Le 27/08/24 à 09:25
modifié 27/08/24 à 10:28