Paix et cohésion sociale : Anoumabo partage son expérience de cohabitation pacifique

Les différentes couches du village ont participé aux rencontres. (Ph: Dr)
Les différentes couches du village ont participé aux rencontres. (Ph: Dr)
Les différentes couches du village ont participé aux rencontres. (Ph: Dr)

Paix et cohésion sociale : Anoumabo partage son expérience de cohabitation pacifique

Quel type d’Ivoirien dans un monde de plus en plus globalisé, où les valeurs s’universalisent et se formalisent ? Telle est la question centrale autour de laquelle se sont déroulés les échanges de la troisième étape des Dialogues intergénérationnels (Dig) initiés par le Réseau des femmes journalistes et professionnelles de la communication (Refjpci). C’était le 24 août 2024, au centre culturel d’Anoumabo, village atchan de la commune de Marcory.

Pour en parler, dans l’optique de renforcer les liens sociaux, consolider les ponts de la transmission des valeurs entre les générations, la présidente du Refjpci, la journaliste Agnès Kraidy, a convié la chefferie du village d’Anoumabo pour partager son inspirante expérience. Vu que ce village est réputé calme et paisible, malgré la très forte présence d’allochtones et d’allogènes.

Ainsi, Nangui Vincent de Paul, doyen de la notabilité ; Marc Koi, enseignant, président de la Commission jeunesse et éducation ; Ulrich Akounan, président de l’Union des jeunes d’Anoumabo et Anastasie Aka, présidente des femmes dudit village, ont donné leur recette pour une meilleure intégration des générations voire des communautés, en s’appuyant sur la tradition atchan.

Selon le doyen de la notabilité, Nangui Vincent de Paul, la stabilité et la paix qui caractérisent Anoumabo ne sont pas fortuites. Elles sont le fruit du don de soi, de l’altruisme qui caractérise ce peuple.

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Après avoir décrit le long périple des atchan d’Anoumabo, déplacés de leurs terres pour venir occuper le site actuel, le sage a indiqué que ce long parcours a permis aux Ebrié d’Anoumabo de se surpasser, se rendre résilients et accepter l’autre. D’où la relative paix qui prévaut jusqu’à aujourd’hui, malgré la surpopulation de cette cité par les communautés sœurs nationales et internationales.

Selon lui, c’est la transmission de cet amour du prochain qui a permis la préservation de la cohésion sociale, même pendant les périodes de braise qu’a connues la Côte d’Ivoire. Toutefois, cela n’est pas sans conséquence sur la culture des Atchan, qui ont tendance aujourd’hui à délaisser leur langue au profit du français.

Pour remédier à cela, Marc Koi, enseignant et président de la Commission jeunesse et éducation du village, a révélé que la chefferie a mis sur pied un programme de formation de la jeunesse du village en langue atchan, et que ce programme inclut même les communautés étrangères qui voudraient bien comprendre l’ébrié.

Dans cette veine, Anastasie Aka, présidente des femmes, a indiqué qu’en tant que mères, éducatrices et piliers des familles, les femmes sont chargées d’apprendre la langue aux enfants dès le berceau. Car dit-elle, les Atchan ont tout donné à la Côte d’Ivoire, notamment leurs terres, leurs eaux poissonneuses, et leurs plantations pour faire d’Abidjan ce qu’elle est aujourd’hui, au point qu’eux-mêmes, propriétaires, n’ont d’autre activité que la fabrication de l’attiéké.

Il n’est donc pas question de perdre la seule chose qui leur reste : leur langue. D’où leur engagement à rester ouverts aux autres peuples, mais sans perdre de vue leur langue.

La présidente du Refjpci, Agnès Kraidy, ne pouvait espérer mieux, elle qui déplore que « les crises socio-politiques ont contribué à élargir le fossé entre les générations. Sans oublier la présence envahissante des technologies de l’information. »

Il faut souligner qu’avant la rencontre, des journalistes de radio de proximité ont été formés grâce à la Coopération allemande, à travers la Deutsche Welle.

Firmin NDri Bonfils