Médecine/Colonel Koné Paul Ismaël : "La thérapie hyperbare pour la guérison de plusieurs pathologies"

Dr Koné Paul Ismaël, médecin-colonel urgentiste, président de la Société ivoirienne de médecine subaquatique et hyperbare. (Ph: Dr)
Dr Koné Paul Ismaël, médecin-colonel urgentiste, président de la Société ivoirienne de médecine subaquatique et hyperbare. (Ph: Dr)
Dr Koné Paul Ismaël, médecin-colonel urgentiste, président de la Société ivoirienne de médecine subaquatique et hyperbare. (Ph: Dr)

Médecine/Colonel Koné Paul Ismaël : "La thérapie hyperbare pour la guérison de plusieurs pathologies"

Le 30/08/24 à 10:42
modifié 30/08/24 à 10:42
Utilisant l'oxygène au-dessus de la pression atmosphérique normale pour la guérison de plusieurs pathologies, la médecine subaquatique et hyperbare est peu connue des populations ivoiriennes. En 4 ans d'existence en Côte d'Ivoire, 400 patients ont été traités pour environ plus de 650 séances. Dans une interview accordée à fratmat.info, Dr Koné Paul Ismaël, médecin-colonel urgentiste, président de la Société ivoirienne de médecine subaquatique et hyperbare (Simshy) nous explique les bienfaits de cette nouvelle pratique.
Quelle définition donnez-vous à la thérapie hyperbare ?

La thérapie hyperbare ou oxygénothérapie hyperbare est l’administration d’oxygène pure à 100% à forte pression par voie respiratoire. Au moyen d’un appareil spécifique appelé le caisson ou la chambre hyperbare. Ici, c’est l’oxygène qui est le médicament.

Quel patient peut être autorisé à suivre cette thérapie ?

Elle est accessible à tout le monde. Nous avons des indications qui touchent à toutes les spécialités et tout le monde peut suivre cette thérapie qui nous permet d’avoir une intervention tantôt en adjuvance, tantôt en curatif où, nous sommes en première ligne pour la guérison des pathologies. Nous avons également des indications chroniques et en urgence.

Soyez plus explicite.

Nous avons plusieurs effets au niveau de la thérapie hyperbare. L’effet mécanique qui est la réduction de tout ce qui est volume gazeux. Exemple de quelqu’un ayant des bulles qui bouchent les vaisseaux comme en cas d’embolie gazeuse pouvant entraîner un accident vasculaire. Par la thérapie, nous allons réduire les bulles et leur permettre de circuler très rapidement. Pour une personne qui fait une crise de drépanocytose, nous allons rendre les globules rouges moins falciformables ce qui va réduire la crise en phase aiguë, calmer la douleur du patient et prévenir des crises futures. Ça, c’est l’effet rhéologique.



Nous avons l’effet de suppléance de l’oxygène qui nous permet de pouvoir remplacer les besoins en sang. Par exemple, une personne qui a une anémie sévère et qui a besoin de transfusion immédiatement, nous allons augmenter le taux d’oxygène directement dans les tissus sans passer par les globules rouges. Grâce à cette thérapie, le patient peut survivre jusqu’à 48 heures sans aucune goutte de sang dans son corps en attendant d’être transfusé. Pour l’intoxication aux fumées de gaz toxiques, nous allons casser les chaînes de liaison de l’oxygène avec le toxique et ramener un pourcentage normal d’oxygène dans l’organisme.

Parlez-nous des indications chroniques telles que le diabète ou les ulcérations ?

Nous n’intervenons pas directement sur la maladie, mais sur la conséquence telle que les lésions du pied diabétique ou l’ulcération parce qu’ici, nous favorisons la cicatrisation des plaies en augmentant considérablement la capacité de guérison du tissu. Nous évitons les amputations. Pareil pour les greffes où nous accroissons le taux de réussite actuel qui est d’environ 50%. L’oxygène permettra un meilleur lit vasculaire pour le greffon ou le lambeau. C’est-à-dire une greffe de peau ou d'os. Parlant des indications optionnelles, c’est-à-dire celles du bien-être qui visent à améliorer la qualité de vie du patient, nous trouvons la solution avec les traitements tels que la récupération sportive, la rééducation fonctionnelle, la gestion du stress, les céphalées répétitives, les insomnies... Au niveau de l’esthétique, il est prouvé que cette thérapie permet de booster le rajeunissement.

Une vue de l’appareil d’hyperbare. (Ph: Dr)
Une vue de l’appareil d’hyperbare. (Ph: Dr)



Cette thérapie se pratique-t-elle dans les hôpitaux publics ?

Non. Elle n’est malheureusement pas encore pratiquée dans le public, mais au privé. En Côte d'Ivoire, une seule polyclinique possède cet impressionnant matériel. Nous avons créé la société savante de médecine hyperbare ivoirienne et nous sommes en train de mener des travaux avec des partenaires afin que ce projet se développe en Côte d’Ivoire. Nous espérons avoir un plaidoyer efficace auprès des autorités sanitaires publiques ivoiriennes. Nous croyons que d'ici à 2026, le premier centre hyperbare verra le jour dans un hôpital public. Je suis le premier spécialiste de toute l'Afrique de l'ouest et subsaharienne. Pour l’heure, quatre médecins et quatre infirmiers ont été également formés.

Selon vous, pourquoi nos hôpitaux publics n’ont pas encore de matériel si cela joue un si important rôle dans la guérison de plusieurs pathologies ?

L’appareil d’hyperbare est très coûteux. Aussi, son installation a un coût et demande de la réglementation et de la sécurité très stricte en plus d’infrastructures hospitalières très spécifiques. Vous savez que l'oxygène est inflammable. Il faut donc un système d'extinction avec tous les systèmes de prévention adéquats. Mais au sein de la Société ivoirienne de médecine subaquatique et hyperbare (Simshy), nous avons les compétences et les expertises requises pour conduire ce projet au cas où nos autorités nous mettaient en mission.

Combien peut coûter une séance ?

Environ 150 euros dans le secteur public. C’est le tarif international. Cela fait un peu moins de 100 000 FCfa. Nous travaillons pour que ce coût soit homologué en Côte d'Ivoire et surtout remboursé par les assurances de santé.



Le 30/08/24 à 10:42
modifié 30/08/24 à 10:42