Sinématiali : Préfet et sous - préfet, contraints de partager le même bureau
Assis autour d’une petite table rectangulaire, le préfet de département et son sous-préfet s’attellent à traiter les dossiers du jour. La scène se passe un lundi ensoleillé de mars dans les locaux de la sous-préfecture de Sinématiali. Le sous-préfet occupe la partie centrale du bureau. A sa gauche, le préfet. Et à sa droite, une chaise vide. Elle est destinée au secrétaire général de préfecture, absent ce jour. En face du sous-préfet, deux autres chaises attendent éventuels visiteurs. Dans les autres pièces du bâtiment, quelques agents sont à la tâche. A voir le préfet assis à côté de son collaborateur, on a l’impression qu’ils sont en séance de travail. Que non !
A Sinématiali, le préfet Namory Doumbia partage le même bureau que le secrétaire général de préfecture et le sous-préfet, Séka Lazare. Ils travaillent tous les trois dans les locaux de la sous-préfecture depuis 2009. Date à laquelle a été affecté, pour la première fois, un préfet dans cette petite localité située sur l’axe Korhogo-Ferkéssédougou, érigée en département en 2008. Ils travaillent précisément au bureau du sous-préfet, une pièce relativement restreinte, conçue initialement pour un seul administrateur.
Contrairement à la plupart des administrations où les autorités sont confortablement installées dans des fauteuils de commandement confortables, à Sinématiali, c’est sur des chaises en bois sans mousse simplement peintes de vernis que les trois fonctionnaires passent leurs journées. « C’est un cadre de la région qui nous a offert ce bureau (la table et les chaises)». Un décor choquant aux yeux du visiteur.
Priorité, le travail !
Malgré cela, le préfet tente, de nous convaincre que cette situation ne le dérange aucunement. « Cette situation ne nous pose aucun problème. Nous travaillons ensemble, sans complexe. Et nous nous enrichissons mutuellement. En tant que préfet, j’ai l’obligation d’encadrer le sous-préfet et le secrétaire général », soutient-il. Selon lui, l’ambiance est bon enfant. Et c’est largement suffisant. « Nous formons une famille ici. Chacun de nous met un point d’honneur à faire son travail. L’enregistrement des décès, des naissances et des mariages se fait exclusivement par le sous-préfet», poursuit-il. Pour le représentant du Chef de l’Etat dans le département de Sinématiali, l’essentiel, c’est de pouvoir répondre aux attentes de la population et de faire le travail pour lequel il a été affecté dans cette localité. « C’est pareil pour mes deux collaborateurs », assure-t-il.
A l’instar de leurs patrons, les agents de la sous-préfecture et de la préfecture travaillent également ensemble. « Je leur ai demandé de travailler ensemble pour conserver le même esprit que nous. Si l’on ne vous fait pas de présentation, vous ne saurez jamais qui des agents travaillent pour le compte de la sous-préfecture ou de la préfecture. Car il arrive qu’un agent de la sous-préfecture fasse un travail pour le compte de la préfecture et vice-versa», ajoute-t-il.
A écouter le préfet, on est tenté de croire que cette situation leur fait plus de bien que de mal. Et qu’il n’envie pas les administrateurs mieux lotis qu’eux.
Construire des bâtiments dignes
Toutefois, Namory Doumbia souhaite que l’on lui trouve un bâtiment digne de ce nom pour la sous-préfecture et un autre pour la préfecture, « comme c’est le cas à Korhogo, Ferkéssédougou et ailleurs». Car, leurs locaux qui datent des années 1970 sont vieillissants et résistent de plus en plus difficilement aux intempéries. « En saison pluvieuse, nous sommes très inquiets. Car le toit du bâtiment fuit », avoue le préfet. Avant d’ajouter : « Nous voulons également des logements de même standing pour le sous-préfet, le secrétaire de préfecture et le préfet ». Car selon lui, seul le sous-préfet habite, à ce jour, un bâtiment administratif. « Au début, je résidais chez le sous-préfet jusqu’à ce qu’on me trouve une maison baillée».
Autre lieu, même réalité
A Kouto, la situation n’est pas non plus reluisante pour le préfet, Kouamé Bi Kalou Clément et son sous-préfet, Dou Amponsah Emmanuel. Ici également, faute de logement pour le premier, le second lui a cédé sa résidence officielle. « Une autre résidence a été offerte au sous-préfet, à l’intérieur de la ville, par un cadre de la localité, en attendant que je sois doté d’une résidence officielle », soutient le préfet qui n’a pas non plus de véhicule de service. Il se débrouille avec son véhicule personnel. Une villa a été offerte à Kouamé Bi Clément pour servir de bâtiment administratif en attendant l’achèvement de la préfecture. Ce chantier qui a démarré au mois de décembre 2012 est très avancé. L’ouvrage devrait être livré dans les prochains jours, selon Kra Faustin, opérateur technique de l’entreprise maître d’œuvre.
Casimir Djezou
Envoyé spécial