Secteur privé : Le nouveau leadership qui va accélérer l’émergence
ue ce soient les assurances, les banques, les services, les mines, l’énergie et les secteurs agricoles, industriel, infrastructurel ou maritime, tous avaient des “représentants” en Espagne pour prendre part au renforcement des capacités mises en route par MDE Business school d’Abidjan. Mais en faisant massivement le déplacement sur la péninsule ibérique, les hommes d’affaires ivoiriens n’avaient qu’une seule chose en tête : maîtriser les outils de gestion managériale efficace afin de créer un nouveau tissu d’entrepreneurs soucieux non seulement de la rentabilité économique de leurs activités mais également de leur impact au niveau de l’environnement social.
Le chemin de l’économie compétitive
Sur le sujet, a affirmé le président de la promotion de l’Advanced management programm ( AMP), Seybatou Aw, ils ont été bien servis par la qualité des enseignements reçus. D’autant que plusieurs modules ont été consacrés à la pérennité des entreprises, tant en situation conjoncturelle qu’en position de management opérationnel. “Beaucoup d’entrepreneurs créent mais leur situation devient souvent délicate après quelques années de fonctionnement”, constate le professeur Jaume Llopis. Pour quelles raisons ? A travers l’exemple d’un entrepreneur ivoirien, promoteur d’une entreprise de télécommunications qui a bien démarré, un auditeur a montré comment l’absence de réalisme et de stratégie de groupe du manager a entraîné le déclin progressif de l’entreprise. En effet, le promoteur a manqué de vigilance en ce qui concerne la gestión de sa trésorerie. Une faute qui lui aura été fatale. Face à ce type de difficultés, le professeur Llopis recommande plutôt un réamenagement du dispositif de gestion. Il s’agit, dit-il, d’améliorer le fonctionnement financier de l’entreprise et de lui permettre d’être plus compétitive, aussi bien à l’exportation que sur son marché national. A côté de cela, il y a des outils qui s’appliquent directement à l’entreprise sous forme de prêts, de fonds propres, de garantie. Des outils que les cadres dirigeants du scteur privé ont promis d’exploiter à fond. Mais, il faut une certaine organisation structurelle, de management, de gouvernance de la société, pour corriger le manque de transparence et de rigueur. “Sachez que le management est universel et que la gouvernance est spécifique. Si vous l’appliquez efficacement, les résultats ne tarderont pas à se faire sentir”, assure Xavier santoma, professeur de finance structurelle. Les managers ivoiriens ont pu comprendre que le management a ses exigences que beaucoup ignoraient ou minimisaient. “Mais le travail des entrepreneurs est souvent compliqué par un environnement difficile parce que peu structuré et réglementé. Ceux d’entre nous, qui connaissons d’autres systèmes de gouvernance, voyons bien les limites de celui qui prévaut chez nous”, révèle Eloi Badiel, directeur général de la société de courtage en assurances, Barold, expliquant qu’il y a des comportements déviants, en l’occurrence, la fraude et les pratiques anticoncurrentielles.
Des problèmes à régler
Cependant, le jeune apporteur d’affaires pense que compte tenu des potentialités dont regorge le marché ivoirien, ce déficit de gouvernance ponctuelle ne devrait pas être un frein à l’émergence d’entreprises pérennes « car la raison finira toujours par triompher ». En tout état de cause, du point de vue de l’environnement des affaires, la Côte d’Ivoire a mis en place une politique d’incitation à l’investissement par des dégrèvements fiscaux, l’instauration du tribunal de commerce, la formalisation d’un guichet unique pour la création d’entreprises, etc. Ces mesures dont plusieurs sociétés bénéficient déjà ont été un vrai motif de satisfaction pour les investisseurs espagnols venus rencontrer leurs homologues ivoiriens. Mais si la pression fiscale est modérée, l’inertie de quelques fonctionnaires qui considèrent la fonction publique comme une chose privée, entraîne un surcroît de travail pour les entrepreneurs et entache leur compétitivité. Néanmoins, comme le reconnaissent certains acteurs, le système de notation oblige l’administration a plus de retenue. “C’est une tendance positive”, a répété l’ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire en Espagne, Odette N’guessan Yao-Yao. Les témoignages entendus au cours de cette rencontre-débat montrent qu’une nouvelle population d’entrepreneurs ivoiriens veut prendre à son compte des méthodes rigoureuses de management, en même temps qu’on note une prise de conscience de l’importance du secteur privé dans le développement. Ce contexte, complété par des appuis en matière d’investissements publics par le gouvernement, entraîne des conditions favorables à la pérennisation des entreprises qui savent défendre leur compétitivité. Mais au-delà de ces satisfecits, d´aucuns ont évoqué les difficultés d’accès au financement. Même si l’action de l’Agence française de développement a été fort appréciée au cours d’échanges informels. En effet, elle a été parmi les premiers bailleurs de fonds à faire du secteur privé un axe stratégique, en mettant l’accent sur son rôle dans le développement. Pour ce faire, le groupe a mis au point un certain nombre d’outils qui permettent d’améliorer l’environnement du secteur privé et son financement. Notamment, les outils de garantie qui permettent aux établissements de crédits d’aller davantage vers les Pme-Pme, sans pour autant sacrifier les grosses entreprises.
Lancine Bakayoko
envoyé spécial en Espagne