Exploitation minière artisanale et à petite échelle: Un exemple de bonnes pratiques dans la Marahoué

La recherche de ce métal précieux n'est pas une tâche aisée pour les hommes et les femmes qui s'y consacrent. (Ph: Dr)
La recherche de ce métal précieux n'est pas une tâche aisée pour les hommes et les femmes qui s'y consacrent. (Ph: Dr)
La recherche de ce métal précieux n'est pas une tâche aisée pour les hommes et les femmes qui s'y consacrent. (Ph: Dr)

Exploitation minière artisanale et à petite échelle: Un exemple de bonnes pratiques dans la Marahoué

Le 02/09/24 à 09:34
modifié 02/09/24 à 10:29
Une vingtaine de journalistes et les membres du Centre africain pour la santé environnementale (Case) ont visité une exploitation minière dans la région de Bouaflé.
Richard Douin Kogni, exploitant minier dans la région de la Marahoué, mène son activité sur une superficie de 25 hectares dans la localité de Krigambo, sur des terres appartenant au village de Baziafla. Krigambo est situé dans la sous-préfecture de Pakouabo, département de Bouaflé. Il est détenteur d’une autorisation d’extraction minière légalement acquise cette année 2024.

Le 29 août, Richard Douin Kogni a reçu la visite d’une délégation du projet PlanetGold accompagnée de journalistes sur son site dénommée «Projet Krigambo-Baziafla», à 4 km de Krigambo. Cette visite d’immersion des journalistes dans le secteur de l’Exploitation minière artisanale et à petite échelle (Emape) vise à accroître leur compréhension des réalités de l’exploitation minière et à les aider à sensibiliser pour une exploitation minière sans mercure.

No Image



L’hôte explique qu’il a été motivé par les richesses supposées de la Marahoué. C’est dans ce cadre qu’il a décidé de s’installer dans cette région, après avoir appris que de nombreuses personnes y avaient fait fortune grâce à l’or. L’exploitant minier souligne que dans ce métier, rien n’est laissé au hasard.

Des sondages et des prospections sont réalisés en amont et l’historique de la région est également pris en compte. Il insiste aussi sur l’importance de suivre les règlements en vigueur. Selon lui, il est désormais obligatoire d’obtenir des agréments pour travailler légalement avec l’accompagnement des agents des mines.

Richard Douin Kogni indique que la première étape de l’obtention d’une autorisation légale consiste à rechercher une parcelle, puis à obtenir un protocole d’accord avec les propriétaires terriens. Ensuite, il faut soumettre ces accords au ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Si le dossier est en règle, l’autorisation est délivrée. Il précise que l’autorisation artisanale a une validité de 2 ans et est renouvelable.

L’opérateur minier assure que sa mine est respectueuse de l’environnement. Il déclare ne pas utiliser de mercure dans le processus d’extraction de l’or. « Aucun produit chimique n’est utilisé. Nous transportons la terre, la rendons plus malléable, afin de faciliter le lavage, puis procédons à la récupération de l’or », explique-t-il.

Les médias ont pu découvrir le quotidien de ces exploitants artisanaux. (Ph: Dr)
Les médias ont pu découvrir le quotidien de ces exploitants artisanaux. (Ph: Dr)



Il dit être en accord avec des structures telles que l’Ong PlanetGold, qui promeut une extraction sans mercure, soulignant que l’utilisation de ce produit réduit, selon certaines sources, la densité de l’or. Richard Douin Kogni a indiqué que des forages sont réalisés sur le site pour remplir les bassins qui sont renouvelés chaque jour.

Concernant les infrastructures et les engagements pris envers la population et l’administration, il assure que tout le monde y trouve son compte. « Ici, chacun est rémunéré en fonction du grammage. Le propriétaire terrien reçoit 3 000 F Cfa/g, la jeunesse 500 F Cfa, la notabilité 500 F Cfa et parfois les membres des mutuelles ».

Il a également mentionné que certains projets, à savoir le reprofilage des routes, sont demandés par la population. Par ailleurs, l’administration exige la fermeture des trous, après l’extraction minière.

Le gramme d’or extrait est vendu au bureau d’achat à 40 000 F Cfa, malgré les tentations des acteurs du marché noir qui proposent parfois 45 000 F Cfa, voire plus.

L’extraction minière artisanale est une réalité en Côte d’Ivoire. Il existe environ 500 000 orpailleurs. L’activité d’orpaillage s’étend sur 29 des 31 régions du pays. Dans ce secteur, ce sont plus de 8 tonnes de mercure qui ont été utilisées chaque année entre 2020-2022, contre 13 tonnes en 2016.

Trouver ce sésame est pour eux une grande satisfaction. (Ph: Dr)
Trouver ce sésame est pour eux une grande satisfaction. (Ph: Dr)



La Côte d’Ivoire ambitionne de réduire de 60 % les émissions de mercure dans le secteur de l’orpaillage d’ici 2030, a révélé Dominique Bally Kpokro, directeur exécutif du Centre africain pour la santé environnementale (Case). Qui a également rappelé la dangerosité du mercure, un neurotoxique nuisible à la santé humaine, avec une durée de vie de 18 mois.

.................................................................................................................

Pour une extraction de l’or sans mercure

Sur le site le travail d’extraction aurifère battait son plein à notre arrivée. Plusieurs femmes et hommes étaient à l’ouvrage. Parmi ceux-ci, Micheline Lou, la trentaine et mère de deux enfants. Elle raconte être venue essayer le métier de « laveuse d’or » car des proches lui ont assuré qu'il était très rentable. Elle ne s’en cache pas : « Le travail est certes pénible, mais il nourrit ».

Son travail consiste à laver le sable après avoir brisé les gros cailloux extraits du stock de terre que les jeunes hommes remontent des trous. À la fin de la journée, elle peut rentrer chez elle avec de l’or (généralement moins d’un gramme) ou avec un gain d'argent allant de 20 à 30 mille FCFA. Cependant, la cohabitation n’est pas toujours facile, et des querelles éclatent parfois entre les creuseurs.

Djè Bi Tra Boris est également employé sur le site depuis deux semaines. Il explique qu'il ne se fixe aucune fréquence de travail : « Tant que j’ai la force de continuer, je m’investis à fond. Chaque jour, je descends dans mon ‘’daman’’ pour couper du ‘’caba’’ », dit-il, décrivant ainsi sa descente dans un trou où il creuse à la recherche de terre supposée contenir de l’or.

C’est un exercice qu'il répète quotidiennement avec une grande habileté. Il descend à une profondeur de 5 mètres, équipé seulement d'une corde comme protection et d'une torche. Après le creusage, la terre est remontée à l’aide d’un seau, et les ‘’colikala’’ (laveuses) se chargent de laver le sable. « C’est l’or qui me paie. Je peux obtenir entre 1 et plus d’un gramme », précise-t-il. Trouver de l’or n'est pas facile, et la fouille peut parfois se poursuivre toute la nuit.

Irié Bi Irié Bonaventure n'est pas un novice dans le métier de creuseur. Il a travaillé dans plusieurs mines, qu'il cite fièrement : « Lakrikro, Padiokan, Garbadagan, Gbanssou », pour n’en nommer que quelques-unes. Pour accéder aux trous, des repose-pieds sont installés, et il est muni d'un ‘’caladjan’’ (une pioche qu’ils taillent en pointe pour leur travail).

No Image



Jamais il n’a été confronté à un accident de travail. Malgré les risques, il estime que c’est un métier qui nourrit bien son homme. « J’ai parfois gagné 100 à 200 mille FCFA à la fin de ma journée de labeur. C’est le travail que j’ai choisi, et je reviens toujours aux mines artisanales pour espérer gagner plus ».

Tizié Gaston Martinin, représentant du chef de terre de Baziafla, affirme qu'aucune activité illégale n’est pratiquée sur le site : « Tous ceux qui participent aux travaux des mines y trouvent un gain. Les terres concédées sont des parcelles non agricoles.

Des consignes strictes ont été données pour éviter l’usage du mercure. Nous surveillons régulièrement les activités pour garantir leur conformité ». Il ajoute : « veiller au grain, car ces exploitations profitent à la communauté. Des discussions ont eu lieu avec les autorités coutumières. Au départ, c'était l’anarchie avec l’orpaillage clandestin, mais cela a changé ».

................................................................................................................

Présentation du programme

Le programme planetGOLD est financé par le Fonds pour l’environnement mondial et est piloté par le programme des Nations Unies pour l’environnement, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement, l'organisation des nations unies pour le développement industriel et la conservation internationale.

Le programme planetGOLD Côte d’Ivoire est exécuté par les Ong Impact et le Centre africain pour la santé environnementale (Case). Le projet s’engage à soutenir la formation des Emapes pour assurer une exploitation minière plus structurée et durable.

L’objectif est d’améliorer les conditions de vie et de travail des mineurs en leur offrant une plus grande sécurité économique.

Envoyée spéciale à Bouaflé



Le 02/09/24 à 09:34
modifié 02/09/24 à 10:29