Belles à mourir
Belles à mourir
J’ai lu l’histoire sur la Toile. Un(e) américain(e) transgenre de 32 ans, Oneal Ron Morris, aurait injecté du ciment et de la colle dans les fesses de ses «patientes» pour que leur postérieur ait un aspect rebondi. Elle aurait plaidé coupable pour exercice illégal de la médecine et aurait été condamnée, le jeudi 24 octobre, à un an de prison en Floride ; et devrait prochainement répondre de la mort d’une cliente. Les mixtures que la femme devenue administrait dans les tissus (fesses, joues, lèvres) de ceux qui voulaient devenir comme elle, contenaient, selon l’enquête, de la colle, de l’huile et du ciment. ‘’Docteure Morris’’, officiait clandestinement dans des chambres d’hôtel ou au domicile même de ses client(e)s.
La plastique d’Oneal a été pour beaucoup auprès de sa clientèle. La magie des bistouris ayant pu transformer le mec en déesse, ses rondeurs ont attiré d’autres aspirants transgenre pour adoucir leurs traits anguleux. Malheureusement, ils vivent aujourd’hui avec la hantise de mourir de cancer ou d’infection généralisée. Pour avoir voulu être belles ou beaux.
Il y a deux ans, en France, le monde découvrait avec horreur que le numéro 3 mondial de la prothèse mammaire avait utilisé un gel non conforme fabriqué à partir d’une huile de silicone alimentaire et industrielle bon marché. Sur le tard et après le décès d’une femme implantée, il avait été recommandé aux clientes de Poly Implant Prothèse (PIP) de se faire explanter à titre préventif les implants inflammatoires incriminés.
Le septuagénaire concepteur de ces fameuses prothèses mammaires à prix abordables, un charcutier devenu chirurgien ou plutôt charcutier demeuré, Jean-Claude Mas, avait réussi à stresser environ 30 000 femmes en France et dix fois plus à travers le monde. Comme quoi, le phénomène des métamorphoses tous azimuts est universel. Ici, c’est la passion et la pub pour les postérieurs en forme de colline – ou plus -, et les poitrines comme des montgolfières. Sous prétexte de décomplexer des femmes qui n’assumeraient pas pleinement leurs rondeurs, la course à la ‘’beauté’’ fait aussi, et hélas silencieusement, des ravages, sans que l’on puisse évaluer dans les justes proportions les dégâts.
Des suppositoires, pommades, comprimés, substances à base de cube d’assaisonnement, supposés opérer le miracle, sont vendus à la criée dans les marchés. De visu, la dépigmentation aussi a atteint des proportions effarantes. Le silence de la législation, l’accès facile aux produits dépigmentants, la publicité mensongère et surtout le fait que des ‘’ icônes’’, hommes et femmes, s’adonnent à cette pratique, malgré sa dangerosité avérée, laisse présager sa longévité sous nos cieux. Que cela puisse avoir du succès, là est le vrai sujet de sociologie et de psychologie aussi.
En outre, ce n’est pas que l’image de la femme qu’il faut protéger, mais les atteintes à la dignité humaine en général. Je précise que j’ai écrit dans ces mêmes colonnes qu’il y a des chirurgies révolutionnaires telles l’hyménoplastie ou opération chirurgicale consistant à recoudre l’hymen avec des muqueuses vaginales et la chirurgie clitoridienne qui reconstitue l’organe érectile féminin après la boucherie de l’excision. Pour la première, à partir du moment que cela épargne des lapidations des barbus et / ou du déshonneur des filles qui n’arrivent pas immaculées au mariage, vous conviendrez avec moi qu’on peut qualifier l’opération de révolutionnaire. Pour la seconde, il s’agit de chirurgie esthétique plastique et reconstructive. La technique vise à restaurer une anatomie normale et obtenir un organe normalement innervé et si possible fonctionnel.
L’opération est actuellement réalisée sous anesthésie générale avec une journée d’hospitalisation. Ici encore je parle de révolution car ce sont entre 130 et 140 millions de femmes qui ont été mutilées ces dix dernières années, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Pour le reste, la liposuccion du ventre, les liftings rajeunissants et les prothèses mammaires et autres, ce n’est plus la peine d’essayer !
Par OUMOU D.
oumou.dosso@yahoo.fr