Transport en commun à Abidjan: Le ''gnambro-roi'' de la route

Transport en commun à Abidjan: Le ''gnambro-roi'' de la route

Les gnambro – rois

Il n’y a guère de sot métier, dit-on. Et au nom de ce que des gens aux biceps bien dessinés, portant sur le faciès la signature de la loi de la jungle doivent bien gagner leur pain quotidien, nous devrions nous accommoder de n’im-por-te quoi !

« Gnambro »
, appellation à laquelle ils répondent, à l’origine, étaient des « mains ». Des auxiliaires commis à chercher des passagers pour les chauffeurs qui, pour les encourager, leur remettaient un pourboire. Puis, le grand désordre dans le secteur du transport, la violence qui s’y est érigée en norme et le laxisme des autorités ont fini par faire de ces chargeurs de véhicules de transport, des despotes. Ce sont eux maintenant qui imposent la quote-part devant leur revenir sur la recette de chaque voyage.

Ce sont eux qui font payer aux citoyens « l’outrecuidance » d’avoir posé un bagage sur leur « sol ». C’est encore eux qui exigent la capitation à chaque quidam en voiture dans ces espaces archi-sales érigés en gares spontanées. Et cela, tout le monde le sait mais nous n’avons pas le sentiment que des mesures vigoureuses sont prises pour éradiquer cette forme de banditisme. On se rappelle que des ministres de la République avaient presqu’été séquestrés l’année dernière par les souverains des gares routières à Abobo.

Ces nerveux s’opposaient à la destruction de l’ancienne gare – ‘’une gare spontanée’’ – et refusaient d’aller dans la nouvelle, ultra-moderne. L’ire a fait des bruits détonants, des balles ont sifflé et l’on a vu des armes blanches bien aiguisées.

En général, le « gnambro », face à nos critiques, met à l’index des chefs de syndicats du milieu du transport. Ces autres barons seraient ceux qui reçoivent la plus grosse part dans le partage du racket subi par les chauffeurs et les citoyens. Le doigt accusateur est aussi pointé vers des chefs de forces de l’ordre. Les conséquences désastreuses de tout cela se chiffrent en coût en vies humaines, en nombre de blessés, en dégâts matériels, en séquelles psychologiques et bien malin qui pourra l’établir.


Récemment encore, nous avons eu l’un des épisodes récurrents de la « guerre »que se livre souvent « gnambro » et chauffeurs de minicars (gbakas). Le ''gnambro-roi'' de la route a exigé à l’apprenti de recevoir plus que le chauffeur qui paye les frais de carburant, les patentes, l’assurance et qui risque sa vie à chaque voyage. N’ayant pas eu gain de cause, il a frappé et a laissé le malheureux pour mort, à Yopougon. Aussitôt, la circulation dans cette commune, à Adjamé et à Abobo fut paralysée par des chauffeurs en colère. Un pouilleux, comme c’est souvent le cas, aura réussi à indisposer trois grandes communes et leurs populations. Il faut que cela prenne fin et il y va de la responsabilité de l’État et de notre degré de conscience citoyenne.

Les syndicats de transporteurs gagneraient à former et discipliner leurs adhérents, à leur faire prendre conscience du spectre de la mort violente qu’ils font planer sur nos vies. Et franchement, y’en a marre !

OUMOU D.