Rétro CAN 1976: La grande surprise guinéenne !
Rétro CAN 1976: La grande surprise guinéenne !
Logée dans le même groupe D que les Eléphants de Côte d’Ivoire pour la Can 2015, l’équipe de la Guinée Conakry avait fait souffler un vent de folie footballistique sur tout le continent africain dans les années 1970. Retour sur cette équipe au passé glorieux, à laquelle devront faire face les pachydermes ivoiriens dans deux semaines à Malabo.
«…C’était bien triste pour l’équipe guinéenne qui avait cru trop tôt à la victoire et qui avait eu la possibilité, avant celle du Maroc, de se voir couronnée championne d’Afrique. Mais c’est cela le football. Le Maroc est donc bel et bien champion d’Afrique…»
Telle fut la conclusion de la majorité des envoyés spéciaux à l’issue du tournoi final de la 10ème Coupe d’Afrique des nations (Addis-Abeba, mars 1976).
Le public, lui, n’avait pas été dupe. S’il a refusé le 5 mars 1976 ses applaudissements aux vainqueurs marocains durant leur mini tour d’honneur, c'est parce qu'il les avait réservés sans ménagement, et dès le coup d’envoi du match final, aux footballeurs du Sily. Que ce même public avait pourtant, dix jours auparavant, conspué après leur victoire mouvementée face au onze éthiopien.
Le revirement ne fut pas fortuit. Il signifiait une reconnaissance de la qualité de jeu fournie par les Guinéens. « Le Sily national, avait dit le Président Ahmed Sékou Touré, est parvenu à se tailler une personnalité que les uns et les autres admirent et respectent. » C'était lors de la réception des joueurs du Sily à leur retour d'Ethiopie
Cette personnalité reposait depuis quelques années sur une fidélité rarement démentie: la collectivité en attaque. Le Sily 1976 qui avait pris le relais du grand Sily 1972-1973, n’avait pas renié son aîné, même s’il ne présentait plus le même visage. Le célèbre trio Cherif - Maxime - Petit Sory ayant été dissocié.
Maxime Camara, mal remis d’une vilaine blessure au genou, avait été contraint d'arrêter toute activité sportive, d’autant qu’il avait signé un bail avec la diplomatie. Cherif Souleymane, l’attaquant-né avait été repositionné au poste d’arrière central gauche. Enfin, Petit Sory, remarquable à l’aile droite durant les jeux de Lagos, avait été recentré en attaque aux côtés de N’jo Léa.
Durant les six matchs disputés à Addis-Abeba, le Sily avait aligné régulièrement quatre attaquants, dont deux vrais ailiers. Le Sily avait toujours attaqué en nombre: Papa Camara et les latéraux appuyant les mouvements. Les buts qu’il avait obtenus, notamment les quatre réussites devant l’Egypte, avaient fait dresser la foule du stade d’Addis-Abeba.
Même lorsque le onze guinéen connut des mauvaises périodes, des passages à vide devant l’Ouganda et le Nigeria, le Sily avait fait front sans céder à la tentation de fermer le jeu, de protéger son avance.
Ces dispositions, le onze guinéen ne l’abandonna pas en finale, même pendant leur nette domination, qu’il aurait largement mérité de remporter eu égard aux nombreuses occasions que Jibril Diarra, Bangaly Sylla et les siens s’étaient créées après avoir ouvert le score par Cherif Souleymane.
Un avantage qui, au lieu d’augmenter comme le cours du jeu le laissait prévoir, fut incroyablement annulé par un « contre » marocain ! En dépit de ce coup dur qui priva « le grand Sily » de la Coupe d’Afrique des nations, le véritable vainqueur, c’était la Guinée.
Il reste toutefois que, si le porte-drapeau de l’offensive des années 1970 en Afrique n’a jamais obtenu la consécration suprême, c’est parce qu’il n’est pas encore parvenu à surmonter tous les obstacles qui ont jalonné sa route. À commencer par ses propres insuffisances.
Puisse Malabo ne pas être le début du renouveau de ce football jadis spectaculaire, pour le plus grand bien d’Hervé Renard et les Eléphants de Côte d’Ivoire.
Alain Zama
Correspondant communal