Yacouba Dembélé (Conseiller technique au ministère de la Communication): ''Le numérique offre plus de chaînes, de meilleures qualités''

Yacouba Dembélé, Conseiller technique au ministère ivoirien de la Communication.
Yacouba Dembélé, Conseiller technique au ministère ivoirien de la Communication.
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Yacouba Dembélé (Conseiller technique au ministère de la Communication): ''Le numérique offre plus de chaînes, de meilleures qualités''

M. le Conseiller, pouvez-vous nous dire ce qu’est la télévision numérique ?
C’est un nouveau système de transmission, qui permettra aux usagers d’avoir des images plus claires, plus nettes et en plus grande quantité. Ensuite avec la télévision analogique, c’est-à-dire celle que nous avons aujourd’hui, il faut une fréquence pour avoir une chaîne ; or avec la télévision numérique, avec une seule fréquence, on pourra transmettre au moins cinq chaînes en haute définition ou vingt en définition standard. En plus, le passage à la télévision numérique permettra la mise en œuvre de services télévisuels à valeur ajoutée comme la Vidéo à la demande (Vod) et la télévision de rattrapage.

Cela veut-il dire qu’avec le numérique, on pourra avoir plus de 20 chaînes ?
Même sans passer au numérique, on peut avoir plusieurs chaînes. Mais avec la rareté des fréquences, le fait de passer au numérique nous permet d’avoir plus de chaînes. Aujourd’hui, si on libère par exemple trois fréquences par site de diffusion pour la télévision, on pourrait avoir jusqu’à soixante chaînes. Or, à l’époque avec trois fréquences, on ne pouvait avoir que trois chaînes. Mais cela ne veut pas dire que nous allons avoir soixante chaînes. Le nombre de chaînes dépend de la politique générale de l’État en matière d’audiovisuel. Ce nombre sera donc arrêté par la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), en liaison avec le ministère.

Pourquoi a-t-on demandé à tous les États de passer au numérique le 17 juin ?
C’est parce que si nous ne passons pas tous en même temps au numérique, il risque d’y avoir des problèmes d’interférences entre les États. Nous devons tous avoir les mêmes normes pour pouvoir évoluer ensemble. Mais cette date est valable pour les États qui émettaient dans un système Uhf. Ceux qui émettent dans un système Vhf comme c’est le cas de notre pays peuvent attendre jusqu’en 2020. Mais nos autorités ont voulu passer le plus rapidement possible au numérique pour apporter un confort d’images aux populations. En plus, le passage au numérique permettra de libérer une bande de fréquence à forte valeur économique qui servira aux télécoms comme l’internet mobile.

Le 17 juin, passerons-nous au numérique en Côte d’Ivoire ? Ou alors, attendrons-nous 2020 ?
Les tests sont en cours, un projet pilote aussi. C’est juste après ce projet que nous passerons au numérique. Le 17 juin, il est fort probable que nous ayons le numérique seulement dans la zone d’Abidjan et surtout dans des foyers tests, et le reste se déploiera progressivement jusqu’en 2020.

Qu’est-ce que cela implique pour nous ? Devons-nous changer de télévision ? La Radiotélévision ivoirienne (Rti) doit-elle changer son matériel, ses émetteurs ?
Non, pour ce que nous savons, le matériel de production de la Rti est déjà numérique. C’est le système de diffusion qui doit être mis à niveau. Entre autres, les émetteurs qu’il faudra changer. C’est un gros investissement que l’État doit faire. Pour les ménages, certains ont déjà des télévisions numériques, mais la grande majorité de notre population ont des télévisions analogiques. Nous n’allons pas les jeter. On doit y installer des décodeurs numériques pour la réception.

Combien coûteront-ils ?
Je ne sais pas si le prix a été déjà déterminé. C’est le Comité national de passage à la Tnt qui fera des propositions au gouvernement, qui décidera. Mais d’après ce que nous avons entendu au cours de ce séminaire, c’est un décodeur qui pourrait coûter les 100 dollars, soit environ 50 000 francs. Mais avec une subvention de l’État, à travers des détaxes ou l’exemption de Tva par exemple, on pourrait l’avoir à un prix abordable.

Y a-t-il des États africains qui sont déjà passés au numérique ?
Nous avons entendu ici la communication de la ministre tanzanienne de la Communication qui a indiqué que la Tanzanie l’a déjà fait. La Zambie et le Kenya sont très avancés. A part ceux-là, tous les autres sont à la traîne. Cela est dû au fait que c’est très coûteux. Et même des pays comme le Kenya ne l’ont fait pour le moment qu’à 56%.

Combien cela va-t-il coûter à la Côte d’Ivoire de passer au numérique ?
Selon les études menées, on nous parlait de 25 milliards de francs pour les équipements. Cela ne prenait pas en compte les décodeurs que l’État pourrait subventionner.

Le passage au numérique changera-t-il quelque chose aux bouquets que nous recevons par satellite ?
Non, ça ne change pas. Ils vont continuer à exister. A ce sujet, la Haca vient de lancer un appel d’offre pour sélectionner trois autres opérateurs en plus de ce que nous avons en ce moment. C’est le mode de transmission qui fait la différence. Les éditeurs de bouquets pourront utiliser soit la Télévision numérique terrestre (Tnt), soit le satellite. Ils auront le choix.

PROPOS RECUEILLIS PAR
Venance KONAN