Grand Bassam: L'Abissa ou le Nouvel an pour le peuple N'zima Kotoko

Grand Bassam: L'Abissa ou le Nouvel an pour le peuple N'zima Kotoko
Grand Bassam: L'Abissa ou le Nouvel an pour le peuple N'zima Kotoko
Grand Bassam: L'Abissa ou le Nouvel an pour le peuple N'zima Kotoko

Grand Bassam: L'Abissa ou le Nouvel an pour le peuple N'zima Kotoko

Pour marquer l'entame de cette période importante, ponctuée par la promotion des valeurs, de solidarité et de partage, la famille "Nvavile", l'une des sept familles composant le peuple Nzima --possède la particularité d'avoir découvert la danse Abissa-- a remis l' "Edo Ngbolè", le tambour sacré, à Sa Majesté Amon Tanoé Désiré, Roi des N'zima Kotoko . Ce geste montre le rôle éminent et central du Roi dans la célébration de l'Abissa.

Cette année la traditionnelle fête annuelle de l’ ’’Abissa’’ du peuple N'zima (ou N'Zema) Kotoko de Grand-Bassam se tiendra du 25 octobre au 08 novembre 2015. L'information a été donnée ce 5 septembre dans la ville balnéaire par le roi des N'zima Kotoko, sa majesté Désiré Amon Tanoé le dimanche 02 Novembre dans la première capitale de la Côte d’Ivoire.

L’ ’’Abissa’’est une danse sacrée qui dure une semaine entière. Elle est destinée à consolider les liens entre les vivants et les morts, mais également à renouveler l’alliance du peuple N’Zima avec « Afoantchè », génie ayant transmis cette danse au peuple.

C’est également et surtout une danse de purification qui se déroule en trois étapes: le Siedu, le Gouazo et le Ewudolé. Le Siedu ou la retraite du tam-tam « Edo-n’gbolé » représente la première étape fondamentale de cette manifestation de haute portée culturelle, mais surtout la phase mystique de la cérémonie.

Cette retraite a lieu une semaine avant la cérémonie officielle de l’ ’’Abissa’’. Elle débute avec le respect de tous les interdits. Aucun autre tam-tam ne doit résonner, tous les féticheurs s’abstiennent de toutes pratiques.

En cas de décès, la famille éplorée doit s’efforcer de contenir ses larmes. Les funérailles n’auront lieu qu’après la fête, aucun enterrement n’étant autorisé pendant la période. Le non-respect de ces interdits expose les récalcitrants au châtiment du génie « Afoantchè ». Le Gouazo ou la sortie de l’ ’’Abissa’’ a lieu huit jours après le Siedu. Cette étape témoigne de la reconnaissance du droit de propriété de l’ ’’Abissa’’ à la grande famille N’Vavilé, dépositaire de la danse.

Les anciens offrent de la boisson à cette famille afin d’obtenir sa permission et ses bénédictions pour un bon déroulement de la fête, note-t-on. Le Ewudolé marque l’apothéose de l’ ’’Abissa’’. C’est l’étape de la grande réjouissance carnavalesque où l’on découvre des déguisements de tous genres; notamment des hommes travestis, des personnes masquées qui dansent tous au rythme de la fanfare. Ces festivités annoncent la fin d’une année et le début d’une autre.

Ainsi chaque année, au mois de novembre, durant une semaine, les N’Zima se retrouvent pour sacrifier au rituel. Elles se déroulent dans un esprit d’union, d’entente et de paix.

Durant cette période, tout individu issu d’une des sept familles, notamment les N’Vavilé, les Mafole, les Allôwoba, les N’Djaoufo, doit se débarrasser de toute haine et rancœur pour se laisser emporter par la gaieté. Selon le cinéaste Roger Gnoan MBala l’ ’’Abissa’’est une plage offerte à tous ceux qui ont commis des fautes graves de se repentir publiquement afin d’obtenir le pardon du peuple ».

Les bonnes œuvres étant aussi mises à nue publiquement, les fils et filles N’Zima exemplaires sont honorés solennellement. Toutefois, tout cela se passe dans la convivialité et la démocratie. C’est un grand moment de libération de la parole sans risque de châtiments.

L’ "Abissa" constitue également une occasion unique de retrouvailles annuelles des sept familles composant la communauté N’Zima, communément appelée Appolo. Les familles profitent de ces grandes rencontres autour du Roi et du tam-tam « Edo n’gbolé » pour formuler des vœux afin d’inciter la notabilité à mieux gérer les affaires de la communauté. L’Abissa attire chaque année de milliers de personnes qui viennent voir les réalités culturelles des N’Zima et se réjouir avec eux.

Somptueusement vêtus, d’autres habillés de façon loufoques, badigeonnés de kaolin, prennent part, tous les soirs à cette fête de réjouissance et de purification. La danse également est au rendez-vous. L'Abissa marque aussi le début du nouvel an pour le peuple Kotoko.

Arsène Kanga

Correspondant régional