Les enjeux et défis de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire en Afrique Subsaharienne

Les enjeux et défis de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire en Afrique Subsaharienne
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Les enjeux et défis de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire en Afrique Subsaharienne

Les enjeux et défis de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire en Afrique Subsaharienne

Introduction

Malgré un potentiel agricole exceptionnel, l’Afrique enregistre le niveau de vie le plus faible de la planète et compte le plus grand nombre de personnes malnutries proportionnellement à la population totale. De plus, l’Afrique rurale fait face à d’importants défis en matière d’emplois notamment des jeunes, de protection sociale et de satisfaction des besoins essentiels. À la différence de l’Amérique latine et de l’Asie de l’Est qui, à partir des années 1970, ont vu les épisodes de pénurie alimentaire progressivement disparaitre, l’Afrique subsaharienne a vu sa situation se détériorer, le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique passant de 176 millions en 1990-1992 à 214 millions en 2011-2013 selon la FAO (2014) En outre, le nombre de ruraux pauvres va continuer d’augmenter notamment en raison de la croissance démographique et restera, selon toute probabilité, supérieur au nombre d’urbains pauvres jusqu’en 2050.

À de rares exceptions près, la productivité de l’agriculture traditionnelle demeure faible et « l’économie paysanne d’exportation », porteuse de nombreux espoirs de développement dans les années 1970, s’est essoufflée. La pauvreté génère un bas niveau de demande domestique et les débouchés extérieurs demeurent encore faibles en raison du caractère extrêmement concurrentiel et instable des marchés internationaux pour les produits d’exportation.Alors que dans l’Europe des années 1950-1960, l’exode rural s’expliquait plutôt par un phénomène de modernisation de l’agriculture couplé à l’expansion de l’industrie en zone urbaine, en Afrique, ce sont la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans les campagnes qui provoquent un exode massif vers les villes.

L’Afrique rurale fait face particulièrement à sept grands défis:

1)    L’évolution atypique des agricultures qui laisse peu de place à l’amélioration des conditions de vie des plus démunis ;

2)    La question démographique qui constitue dans certains pays une contrainte de fond pour l’emploi des jeunes ;

3)    La transition mal maîtrisée de sociétés à dominante agraire vers des sociétés à évolution urbaine non maîtrisée ;

4)    La faible diversification et transformation des productions et l’accès insuffisant aux financements du monde rural ;

5)    La question foncière et l’évolution des régimes dits coutumiers face aux enjeux contemporains du développement rural ;

6)    Les enjeux de la gouvernance des marchés et de l’intégration aux dynamiques de développement international et régional ;

7)    La question environnementale et du changement climatique qui affecte les terroirs et plus largement, les écosystèmes du continent.

Toutefois, des changements récents observés sur le marché alimentaire mondial, dans les domaines de la science et des technologies et, au sein des institutions qui exercent une influence sur la compétitivité, favorisent l’émergence de nouvelles opportunités pour la compétitivité des petits exploitants.

 Une bonne compréhension de ces défis est essentielle à l’élaboration des mesures politiques qui doivent aider les hommes et les femmes des régions rurales à s’extraire, par eux-mêmes, de la pauvreté et à développer leur propre résilience pour un développement humain et durable.

 

Les enjeux de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire en Afrique

De multiples difficultés ont entravé le développement de l’agriculture, mais il est réconfortant de constater que l’élimination ou l’atténuation de certains de ces obstacles doit permettre de libérer, du moins en partie, le vaste potentiel de croissance de l’agriculture africaine.

Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, l’extension des terres cultivées a été limitée par le manque d’accessibilité physique, l’insécurité de la propriété foncière, l’accès insuffisant à la traction animale et motorisée. La propagation de maladies transmissibles comme le VIH-Sida ou plus récemment, le virus Ebola, l’attractivité des villes et la concurrence de certaines activités non agricoles ont aussi affecté les rendements de l’agriculture. La productivité est restée faible en raison d’une sous-exploitation des ressources en eau, de l’utilisation réduite des engrais, du recours limité à des pratiques améliorées de gestion de la fertilité du sol et de la faiblesse des services d’appui (recherche, vulgarisation, financement). Les sécheresses et autres fléaux périodiques, ainsi que l’augmentation des risques liés à ces phénomènes, ont découragé les investissements indispensables à l’accroissement de la productivité.

En outre, le dysfonctionnement et l’inefficacité des marchés (largement imputables à la fragilité du secteur privé dans la plupart des pays), le manque d’investissement dans les infrastructures, les coûts de transport élevés, les déficiences des systèmes d’information et l’inadaptation du cadre réglementaire ont empêché une rémunération correcte des producteurs et les ont dissuadés, d’investir et de se spécialiser dans des produits nouveaux et à haute valeur ajoutée. Les prix restent bas et extrêmement volatiles, et il n’existe pas de mécanismes pouvant aider à minimiser ou partager les risques supportés par les producteurs.

Par ailleurs, la part de l’agriculture dans le budget de l’Etat, qui était de 5 % environ en 1990-1991, est tombée à 3,5 % en 2001-2002 et à 3,1 en 2013-2014, un niveau bien inférieur à l’objectif de 10 % fixé par les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), dans la déclaration de Maputo en juillet 2003. Sur 54 pays du continent, seuls 9 en 2015 ont respecté leur ratio d’engagement.

Ces coupes budgétaires ont fortement ébranlé l’investissement public dans l’agriculture et la capacité des institutions publiques à fournir à ce secteur des biens publics dont il a tant besoin, particulièrement à un moment où les flux d’aide en faveur du développement agricole et rural s’amenuisent et s’orientent vers les pays les mieux lotis.

Les défis et enjeux sont donc multiples :

-          Sur le plan environnemental : les pratiques agricoles inadéquates et le changement climatique dégradent progressivement et de façon drastiques les ressources en eau de surface, la fertilité des sols et le couvert végétal des écosystèmes arides et semi-arides, diminuant ainsi leur résilience ;

-          En ce qui concerne les défis sociaux : la recapitalisation des ménages à l’issue des crises écologiques est demeurée freinée par la prévalence et l’intensité de la pauvreté dans les zones rurales, la faiblesse des systèmes de protection sociale et la déstructuration des réseaux de solidarité familiale provoquée par l’exode rural ;

-          Les problèmes économiques : l’alimentation représente la moitié des dépenses des ménages, en ville mais aussi à la campagne, les coûts de l’énergie, des transports et des intrants, associés à l’insécurité foncière, aux dysfonctionnements des marchés du crédit et des produits agricoles, pénalisent les petites exploitations familiales qui assurent la quasi-totalité de la production alimentaire, mais restent souvent incapables d’assurer complètement leur autoconsommation. Les évaluations du climat de l’investissement en milieu rural révèlent des contraintes significatives à l’investissement parmi lesquelles le mauvais accès au crédit et son coût élevé, un approvisionnement en électricité inadéquat ainsi que la mauvaise qualité des routes et de l’infrastructure;

-          L’enjeu foncier : Face aux besoins alimentaires que génère la croissance démographique et, par conséquent, aux surfaces indispensables pour permettre l’activité et la production agricoles, l’enjeu principal est certainement foncier. A cet égard, on observe des effets pervers de la marchandisation systématique de la terre alors même qu’une distribution de titres de propriété aux plus démunis pourrait permettre de lutter contre la pauvreté.

-          Les politiques publiques actuelles ne permettent pas totalement de résoudre le problème de la pauvreté et de la faim, malgré les efforts récemment consentis par certains pays. La gouvernance actuellement en place a tendance à aider les plus riches et les plus performants et à abandonner à leur sort les moins nantis et les victimes de la faim, non pas que les gouvernements et leurs partenaires s’en désintéressent, bien au contraire, mais tout simplement parce que l’efficacité des politiques et la mise en œuvre des réformes ont été insuffisantes.

Les orientations de politiques en matière d’agriculture durable

Pour mettre l’agriculture en situation de répondre aux défis du continent, l’accès aux marchés, le développement des filières et la mise en place de chaînes de commercialisation modernes doivent être considérés comme un axe prioritaire des stratégies de croissance accélérée et de réduction de la pauvreté. Les grappes d’entreprises à vocation agricole – formées par des entreprises d’une même région coordonnant leurs activités pour fournir des productions transformées et des services sur une base concurrentielle – obtiennent de bons résultats, comme en témoignent les activités axées sur les exportations non traditionnelles du Maroc ou de l’Afrique du Sud.

L’agriculture moderne offre un potentiel très important de création d’emplois et de richesse, et peut absorber un grand nombre de jeunes candidats à la migration ou de jeunes qui font actuellement ployer les villes sous le sous-emploi. Un choix judicieux d’investissements à forte intensité de main-d’œuvre dans l’agriculture et d’autres activités rurales non agricoles peut créer des opportunités d’emplois à court terme, plus accessibles aux jeunes. Il convient pour cela d’élaborer des stratégies qui rendent l’option agricole suffisamment attractive pour que les jeunes s’y engagent ; il faut en particulier promouvoir la commercialisation et les gains de productivité par l’innovation technologique et le développement des infrastructures.

Une démarche plurisectorielle d’investissement pour exploiter les synergies entre l’accès aux intrants et aux technologies appropriés (semences, engrais, races animales améliorées), une gestion plus durable des ressources en eau et des sols, des services améliorés (vulgarisation, emplois, assurances, services financiers), et la valorisation des ressources humaines (éducation, santé, nutrition) sont autant d’éléments qui doivent permettre une expansion du secteur agricole et la promotion du secteur non agricole.

Il existe de réelles possibilités de conforter les revenus ruraux à condition de promouvoir l’expansion des marchés de produits à forte valeur ajoutée – en particulier l’horticulture, le petit élevage, la pisciculture, la production laitière, les filières du karité, du sésame, des mangues mais aussi des huiles essentielles – qui offrent des opportunités de diversifier les systèmes agricoles et de développer une agriculture compétitive et à forte intensité de main – d’œuvre. La production de manioc, les exportations de fruits et légumes, celles de thé, de même que la pêche se distinguent comme des secteurs ayant connu un succès indéniable.

Ces succès, ainsi que d’autres obtenus ailleurs, révèlent tous l’importance d’une participation publique dans le développement agricole et rural en particulier à travers  des politiques adéquates, des institutions appropriées, le développement des technologies, la mise en place d’infrastructures et l’amélioration des capacités des ressources humaines.Le secteur des cultures et des produits d’élevage à forte valeur ajoutée est intensif en main-d’œuvre et possède un fort potentiel de croissance de l’emploi. Ceux de la pisciculture et de l’horticulture disposent également d’opportunités de premier plan. Ceci dit, les conditions de travail dans l’agriculture ne sont pas toujours propices à des avancées importantes en termes de bien-être social en raison, d’une part, de la nature des processus de production et, d’autre part, du manque de réglementation appropriée.

Parmi les principaux ingrédients du succès figurent la stabilité politique et économique ainsi qu’un cadre politique et réglementaire favorable (notamment en matière de réforme agraire et de cadre juridique des contrats). Les services publics (conseils techniques, formation des agriculteurs et recherche) jouent un rôle déterminant en tant qu’initiateurs du changement et du développement, même si avec le temps, certains de ces services pourront être progressivement confiés à des organisations de producteurs, comme le font déjà certains pays.

Le changement technologique constitue souvent un déclencheur du développement, à condition que les marchés réagissent positivement et absorbent le surcroît de production. Pour cela, il faut généralement mettre en place des systèmes d’information sur les marchés, stimuler les industries agro-alimentaires et, dans tous les cas, disposer d’infrastructures publiques, que ce soit au niveau de la production (aménagements irrigués, par exemple), de la commercialisation ou des transports.

Cela suppose un soutien plus fort aux organisations paysannes et aux organisations professionnelles  ainsi que des mécanismes permettant de les consulter avant de prendre des décisions importantes, de manière à instaurer la confiance et la mobilisation indispensables à l’investissement.

Les femmes jouent un rôle prédominant dans la production alimentaire en Afrique. Aussi, le renforcement des capacités rurales doit habiliter les femmes à obtenir un accès égal aux ressources et aux moyens de production essentiels (terres, intrants, crédits, financement, technologie, marchés, soutien commercial, formation, etc.). Ceci est une condition de l’émergence agricole et rurale de l’Afrique.

Sur d’autres continents, l’expérience a montré que si l’apport de moyens financiers supplémentaires était important, les politiques, les institutions, la volonté politique et la mobilisation générale avaient au moins autant de poids. La stabilisation des prix, autre tabou, est un important facteur d’encouragement pour l’investissement privé (comme en Asie) et contribue dans une large mesure à faire de l’agriculture un moteur de la croissance et la base d’une croissance solide et diversifiée. La stabilité macroéconomique peut également favoriser l’épargne (comme en Chine), tandis que le développement des ressources humaines, des sciences et des technologies (Corée du Sud, Brésil) est essentiel dans une perspective à plus long terme. L’investissement dans la recherche agricole s’est avéré bénéfique partout dans le monde.

Les priorités doivent varier en fonction des situations spécifiques des pays, il n’y a pas de solution de type prêt-à-porter identique pour tous, mais on peut faire ici quelques suggestions applicables à l’ensemble de la région ou adaptées à certaines situations types rencontrées dans la région. Les études et bonnes pratiques conduites dans des pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie ou le Mozambique et les enseignements tirées des institutions spécialisées, apportent un éclairage particulier sur les mesures nécessaires à un  développement agricole durable. 

Dix grandes priorités semblent essentielles pour transformer le monde rural et promouvoir l’émergence agricole de l’Afrique :

-          Le renforcement des capacités institutionnelles, et notamment le renforcement des organismes publics (structure, dotation en personne et en autres ressources, gestion), la participation accrue des parties prenantes à la prise de décision économique et aux processus de décentralisation et le passage progressif à une approche du développement fondée sur des programmes agricoles durables ;

-          Les gouvernements et leurs partenaires doivent mettre tout en œuvre pour résoudre les conflits armés, assurer la stabilité politique, empêcher de futurs conflits et adopter les meilleures pratiques de gouvernance ;

-          La promotion d’un cadre politique inclusif et stable, en particulier : un régime foncier sécurisé (sécurité et protection des droits), des normes techniques pour les produits agricoles, des règles pour la gestion durable des ressources naturelles, des mesures visant à limiter les effets perturbateurs éventuels des importations commerciales et de l’aide alimentaire ;

-          Des investissements publics structurants et incitateurs (routes, pistes rurales, marchés et installations de stockage, infrastructures et aménagements irrigués, mesures et recherche en matière d’amélioration des sols et de lutte contre l’érosion) et le développement de possibilités d’exportation et de partenariat et l’investissement dans les installations portuaires et aéroportuaires ;

-          Les gouvernements doivent mettre l’accent sur la redistribution des ressources, d’une part en privilégiant les ministères responsables des secteurs productifs plutôt que ceux chargés des secteurs non productifs et, d’autre part, en accordant la priorité à la fourniture de biens publics dans l’intérêt de tous plutôt qu’à des subventions ne profitant qu’à quelques privilégiés. Ceci doit s’accompagner d’une amélioration de l’efficacité du secteur public et du recouvrement fiscal et d’une gestion plus durable des ressources et des écosystèmes ;

-          Des services publics d’accompagnement (la vulgarisation et le financement rural, le renforcement des capacités dans le domaine des activités commerciales, l’appui à la création d’organisations professionnelles, la lutte contre les plantes et animaux nuisibles et les maladies, la promotion de partenariats public et privé pour la fourniture de services et d’intrants) ;

-          La promotion d’une diversification économique à travers la recherche sur les exportations non conventionnelles, la promotion à l’étranger des produits nationaux et celle des opportunités d’investissement nationales ;

-          La stimulation des exportations, la collecte d’informations sur les marchés mondiaux une participation accrue dans les négociations commerciales, le développement de statistiques fiables et d’informations sur la sécurité alimentaire ;

-          Les organisations régionales doivent promouvoir la paix et la coopération entre les pays pour la réalisation de la sécurité alimentaire et identifier, formuler et recueillir des fonds pour des projets et programmes de développement agricole et rural aux niveaux régional et sous-régional ;

-          Les partenaires au développement doivent renforcer leur assistance aux pays d’Afrique subsaharienne les moins avancés et l’orienter en priorité vers des programmes qui favorisent l’accroissement et la stabilisation de la production agricole pour éviter de futures crises.

 

Conclusion

Pour réduire la pauvreté et la faim, priorité doit être donnée à la croissance économique inclusive et partagée dans les secteurs où les pauvres travaillent, où les facteurs de production appartiennent aux plus démunis et aux personnes sous-alimentées, et qui se développent dans les régions où ces populations vivent. L’agriculture remplit tous ces critères et a prouvé qu’elle était capable, en Afrique comme ailleurs, d’assumer un rôle de chef de file dans les initiatives en faveur d’une croissance rapide et d’un développement économique de grande ampleur, en particulier dans les pays les moins avancés. L’agriculture s’est montrée plus efficace sur le plan de la lutte contre la pauvreté que le secteur manufacturier ou celui des services. Elle permet de stimuler le développement d’activités rurales non agricoles rémunératrices pour les pauvres si l’on veille à ce que les plus riches n’en récoltent pas seuls les bénéfices.

Enfin, l’agriculture peut également engendrer un surplus de capitaux, libérer de la main-d’œuvre pour d’autres secteurs et assurer un approvisionnement alimentaire stable à des prix abordables, contribuant ainsi à la compétitivité de l’économie dans son ensemble tout en agissant comme un stimulant puissant pour la demande de biens et de services.

Il ne sera pas possible de relever le défi de la sécurité alimentaire sans miser sur des investissements importants dans l’adaptation au changement climatique et la réduction des risques de catastrophes dans le secteur rural.

La foresterie et l’agroforesterie, des secteurs dont dépendent des millions de ruraux pour vivre, présentent de vastes possibilités d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, d’accroissement des puits de carbone, de stabilisation des moyens d’existence ruraux et de renforcement de la sécurité alimentaire des ménages.

Comme cela a été reconnu, notamment au Sommet de l’Union africaine, à Maputo en 2003, l’agriculture doit impérativement être, dans la plupart des pays africains et en particulier les plus pauvres, le secteur prioritaire pour la réalisation du premier des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui est de réduire la faim et la pauvreté, et de contribuer           ainsi largement à atteindre les autres objectifs de développement durable (ODD). Pour être durable, le développement agricole doit toutefois être soutenu par des initiatives de développement plus larges en zone rurale et dans d’autres secteurs économiques.

Enfin, des modalités et outils de financement innovants doivent également être promus sur le continent africain notamment :

  1. Les outils de gestion des risques tels que les assurances contre les intempéries qui indemnisent le bénéficiaire en cas de perte de production ;
  2. Les fonds de garantie, qui réduisent les risques bancaires en accordant une garantie partielle sur le portefeuille de prêts d’une banque ;
  3. Les outils de crédits novateurs, tels que les récépissés d’entreposage, qui permettent d’utiliser les stocks comme nantissement pour un crédit et se révèlent des moyens efficaces pour attirer les financements vers des chaînes de valeur à fort potentiel.
  4. Des subventions judicieusement ciblées sur les intrants agricoles peuvent également stimuler les investissements des exploitants agricoles.

 

La fragilité de la situation alimentaire et la vulnérabilité notamment des économies les moins avancées nous rappellent la nécessité et l’urgence à la fois, de diversifier et de sécuriser le secteur agricole, tout en protégeant les écosystèmes. Relever ces défis n’est pas seulement une possibilité, c’est une nécessité dont l’urgence n’a jamais été aussi grande et dont les fruits pourraient être fort bénéfiques pour l’Afrique.

 

 

Germain Dasylva, représentant de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture en Côte d’Ivoire

Luc Joël Grégoire, directeur pays du programme des Nations Unies pour le développement en Côte d’Ivoire