Pour un brassage des peuples
Pour un brassage des peuples
J’aurais pu intituler cette contribution ainsi: « La colonisation, un mal nécessaire ? ». Cela dit, la grande majorité d’universitaires pointent du doigt le découpage de l’Afrique (surtout l’épisode de la Conférence de Berlin de 1885) comme la cause principale de toutes les difficultés que connait le continent. De ce fait, même pour des intérêts géostratégiques ou économiques, l’idée d’avoir fait cohabiter sur un même territoire différents groupes ethniques avec leurs réalités socio-anthropologiques et religieuse est souvent mal perçue.
Toutefois il n’est d’abord pas sûr qu’on puisse éluder ces crises si ne coexistaient que des individus qui partagent la même langue.
Les conflits étant consubstantiels en la nature humaine (en se fondant sur le premier et plus vieil exemple qui est celui de Caïn et Abel). Ainsi donc l’argument du mauvais découpage de l’Afrique est à exclure parce que le brassage des races et des tribus peut être une force. Pour exemple -n’en plaise aux front-nationalistes- les exploits sportifs de la France, surtout l’intermède de la victoire de 1998 où tout le monde encensait cette patrie Black-Blanc-Beur, sont largement dus aux fils d’immigrés, les tirailleurs ou ces personnes qui acceptaient volontiers les « métiers que les français de souche ne voulaient pas ».
À tel point qu’aux États-Unis, au moment où les Carl Lewis et consorts faisaient vibrer les plus grands stades à travers le monde, l’on a avancé que si les Noirs excellaient dans les activités physiques, c’est parce qu’ils n’avaient pas assez de matière grise pour faire pareil dans les domaines intellectuels, d’ailleurs considérés comme les chasses-gardées des Caucasiens. Cette thèse fut simplement réfutée depuis que la possibilité fut donnée aux gens de couleur de faire montre de leurs intelligences dans les High Schools et les universités, jusqu’à ce qu’un des leurs établisse même demeure dans les salons feutrés de la Maison Blanche en 2008.
Sur un plan esthétique par ailleurs le métissage est du pain béni. Ainsi nos femmes n’ont de cesse d’envier leurs congénères d’autres pays dont la couleur de peau fait pâlir. Je fais allusion aux Brésiliennes, Cap-verdiennes, Angolaises, Cubaines aux teints « chocolatés » dont les ancêtres se sont accouplées avec leurs maîtres blancs ou des aventuriers-pour ce qui est des soldats cubains venus prêter mains forte au Mouvement populaire de libération de l’Angola (Mpla) à se maintenir au pouvoir pendant la guerre civile du milieu des années 1970.
Une autre illustration. Celle où la Côte d’Ivoire devrait participer à un concours de lutte traditionnelle. Les sudistes, c’est connu, ne sont pas accoutumés à ce type de sport. Certaines peuplades du nord oui. Ainsi elles mettront leurs forces et talents au service du pays pour le faire gagner. Mais attention, cela ne devrait pas être une victoire, uniquement du nord, mais celle de la nation toute entière.
Dans le secteur agro-alimentaire, des types de sols sont propices à certaines plantes, celles-ci ayant besoin d’un climat adapté pour croître. Ainsi en est-il dans les différentes contrées du pays qui bénéficie de plusieurs saisons. Sa vocation agricole qui fait tant la fierté de tous les fils du pays n’est pas-par ailleurs-seulement due au binôme café-cacao dont une grande production provient du reste de l’ouest montagneux, mais est aussi favorisé par le rang qu’elle occupe dans la commercialisation du coton, de l’anacarde (…) qui sont essentiellement cultivés dans le septentrion. Subséquemment, c’est cette diversité avec grand« D » qui est la véritable richesse du pays.
C’est le lieu de militer pour un partenariat gagnant-gagnant entre les anciennes puissances et leurs colonies, les premières disposant de grands moyens techniques et technologiques, les terres des deuxièmes citées ayant à profusion des matières premières.
Dans le même sens la mise sur pied de ce que certains ont dénommé les «États-Unis d’Afrique », modèle d’organisation qui permettrait au continent de faire face à beaucoup de ses difficultés et qui ferait par conséquent sortir de l’ornière du sous-développement bon nombre de ses pays. Cela s’explique par le fait que la mise en commun des forces et synergies seraient un catalyseur pour booster son « émergence », comme cela semble si bien fonctionner pour les regroupements de nations ou ces modèles existent déjà: Usa, Ue, etc.
De plus celui qui tient les rênes du pouvoir, quel que soit son appartenance ethnique, doit partager équitablement les richesses avec tous les enfants de la nation. Toute chose qui permettrait de mettre définitivement fin à toutes les guerres qui minent l’Afrique. De toutes les façons, il n’a jamais existé une société avec que des personnes partageant une même pensée ou ayant une ligne idéologique unique.
Enfin, dans le domaine de l’électromagnétisme les forces opposées s’attirent…
WILFRIED OGOU
Juriste