Pr Daniel Sess: "Le CRESAC doit être un outil d’excellence dans les États membres"

Professeur Daniel Sess, secrétaire exécutif Centre régional d’évaluation en éducation, environnement et d’accréditation en Afrique (Cresac)
Professeur Daniel Sess, secrétaire exécutif Centre régional d’évaluation en éducation, environnement et d’accréditation en Afrique (Cresac)
Professeur Daniel Sess, secru00e9taire exu00e9cutif Centre ru00e9gional du2019u00e9valuation en u00e9ducation, environnement et du2019accru00e9ditation en Afrique (Cresac)

Pr Daniel Sess: "Le CRESAC doit être un outil d’excellence dans les États membres"

Pr Daniel Sess: "Le CRESAC doit être un outil d’excellence dans les États membres"

Créé en avril 2005, le Centre régional d’évaluation en éducation, environnement et d’accréditation en Afrique (Cresac) est un organisme régional. Dans cette interview, le Professeur Daniel Sess, secrétaire exécutif du Centre déroule les activités et explique l’importance de Cresac créé à l’initiative des Universités de Parakou au Bénin, Yaoundé I au Cameroun, Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire et Cheick Anta Diop au Sénégal. « Le Cresac doit être un outil d’excellence incontournable dans les Etats membres », ambitionne son secrétaire exécutif.


Professeur, l’une des raisons de la création du Centre régional d’évaluation en éducation, environnement et d’accréditation en Afrique (Cresac) était de répondre à la non-qualité. En des termes simples qu’est-ce qu’on doit comprendre par la non-qualité ?

Dans notre jargon, la non-qualité constitue les écarts et tout ce qui n’est pas conforme. C’est ce qui peut détruire et amener à un risque et conduire à la mort. Quand on pose un acte qui n’est pas conforme et qui a des risques, la finalité c’est aussi la mort. Tout ce qui est non-qualité coûte cher. Ce sont donc les erreurs, les fautes et les manquements. C’est ce qu’il faut ôter de notre tête et aller à une culture-qualité qui consiste toujours à mieux faire. Même si nous n’atteignons pas la perfection, il faut s’y rapprocher.

Qui peut solliciter le Cresac et au bout de quelles étapes on peut obtenir l’accréditation du Cresac ?

Il faut dire que les organismes qui accréditent ne sont pas nombreux. Ils accréditent et auditent d’autres organismes appelés organismes d’évaluation à la conformité (Oec) qui s’occupent de la certification et des normes. Ce sont des organismes de certification. Il y a des structures qui veulent être certifié Iso 9000 version 2005 ou 2008. L’exemple, c’est Codinorm (Côte d’Ivoire normalisation). On a également les services d’inspection dans le public comme dans le privé, des services de surveillance, des laboratoires d’analyses, d’essais et d’étalonnage. C’est tout cela qui constitue le groupe des Oec. Voilà donc les cibles. Tout ce monde travaille pour que la qualité se retrouve dans les établissements et les services. Et cela, pour le bien-être des populations. In fine, le but de ce que nous faisons, c’est de rendre les populations heureuses. Bien les soignées, mieux contribuer à leur éducation et mes amener à respecter leur environnement. N’oublions pas que le trépied du développement durable, c’est l’économique, l’environnement et le social. Dans le social, il y a l’éducation à la santé, et tout ce qui est infrastructures économiques. Et bien entendu, nous avons l’environnement qui doit être sain en respectant la biodiversité et les écosystèmes. En somme, ce sont ces Oec qui font l’objet d’accréditation par les organisme accréditeurs. Le Cresac est donc là pour promouvoir la qualité à travers les évaluations et bien entendu l’accréditation de ces Oec.

Depuis 2005 que vous existez, quel bilan pouvez-vous dresser de vos activités ?

Nous avons mené beaucoup d’activités. Selon l’adage, le sel ne dit pas qu’il a une saveur salée. Je vais vous citer pêle-mêle quelques activités. Il y a eu l’Assemblée constitutive d’avril 2005 qui a mise en œuvre la convention internationale avec cinq Etats membres (Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon et Sénégal).

Professeur Daniel Sess, y a-t-il d’autres États qui frappent à la porte du Cresac ?

De nombreux États veulent intégrer le Cresac. Le Congo, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie frappent à la porte. Nous attendons que les États initiateurs ratifient la convention. Si trois États membres le font, ces États pourront intégrer le Cresac. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons revu la convention internationale en septembre 2015 par les experts des Etats qui ont fait un toilettage des textes sur la base de la norme Iso 17011. Une norme qui régit les organismes d’accréditation.  Ces Etats doivent satisfaire. Une des exigences est d’avoir au sein du centre, un comité d’impartialité. Parce qu’il faut être juste et équitable. Ce comité vise à ramener à l’ordre tout ce qui pourrait être des déviations. Il faut aussi un comité d’accréditation qui a pour rôle de regarder les résultats des activités d’accréditation.

A cela, il faut ajouter un comité litige. Lorsque qu’un Oec qui a demandé une accréditation estime que la décision arrêtée pose problème, il peut demander une contre-expertise ou se référer au comité-litige du Cresac pour contestation. Et sollicite le concours du Cresac. Nous avons tenu à mettre en place ces exigences dont un département accréditation et évaluation, un département recherche et développement. C’est ce qui nous a valu d’être affilié à "l’International laboratory accreditation cooperation" (ILAC) 
qui est l’institution internationale qui coordonne et garantie les accords de reconnaissance mutuelle entre les organismes accréditeurs.


Professeur, peut-on poursuivre avec le bilan du Cresac ?

Dans le bilan, nous avons formé des auditeurs qui sont aussi des évaluateurs ou des assesseurs pour les Etats membres, dont la Côte d’Ivoire. Nous avons participé à la formation de personnes en terme d’évaluation et d’accréditation. Et contribué à faire des caravane-qualité en sensibilisant à l’évaluation, à l’autoévaluation et à l’accréditation. C’est ce que nous avons fait dans cinq régions de la Côte d’Ivoire, notamment le district d’Abidjan, les régions de l’Indénié-djuablin, du Gôh, et l’ex-région des lacs. Nous avons aussi élaboré les référentiels du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) qui avait besoin de boussole et d’instruments d’évaluation.  Il faut préciser que les référentiels-Cames sont au nombre de trois pour l’évaluation institutionnelle, l’évaluation à la formation et l’évaluation à la recherche. Et cela, assortis de deux guides : le guide méthodologique et le guide de suivi évaluation.

Que sera l’impact de cette affiliation à l’ILAC ?

Notre reconnaissance par l’Ilac nous donne un rayonnement international. Ce qui redore notre image. Lorsque votre image est améliorée, cela donne aussi du crédit à ceux que vous accréditez. Un Oec qui est accrédité par le Cresac est un crédit. Cet Oec peut donc crédibilisez et fidéliser sa clientèle. Cela rejailli aussi sur l’image de la Côte d’Ivoire.

Le projet initialement est parti de la Côte d’Ivoire. Il a fait du chemin. Je voudrais profiter de cette occasion pour rendre hommage à l’Etat de Côte d’Ivoire et aux autorités qui ont compris le bien fondé, l’importance du Cresac et qui continuent de le soutenir. Non seulement en finançant son existence, mais aussi en prenant la responsabilité de contribuer à son développement pendant une vingtaine d’années. L’Etat nous permet d’aller accréditer des structures en matière de santé ou d’enseignement supérieur.

Comment vos activités sont financées ?

Initialement notre soutien financier venait de l’Agence universitaire francophone (Auf). Puisque c’est un projet de l’Auf à travers son programme d’appui aux pôles d’excellence régionaux. Un pôle d’excellence régional est un pôle qui réunit des centres de références. L’Auf a donc lancé ce programme d’appui à travers toute la francophonie. Il y a onze projets dans ce cadre qui ont été retenus comme pôle d’excellence dont le nôtre qui était en tête de liste. C’est aussi un pilote pour toute la francophonie. L’Auf a financé au démarrage à hauteur de 100.000 euro. Ce qui n’est pas rien. L’Etat de Côte d’Ivoire, à travers l’Université Félix Houphouët Boigny a apporté 25.000 euro. Ce qui faisait 125.000 euro soit environ 85 millions de francs CFA. Après l’Auf nous a aussi soutenu, en contribuant à former nos auditeurs. L’Agence nous a également permis de participer à des conférences en prenant en charge nos membres. Il faut dire de l’Auf qui est donc l’instigateur. Le cordon n’est pas coupé même si nous prenons notre envol.

Nous continuons de coopérer avec l’Auf pour son expertise et son soutien. Maintenant, la Côte d’Ivoire finance pour un quart le budget et les autres États membres pour les trois quarts. C’est vrai que le financement piétine un peu du côté des autres Etats membres. D’où la nécessité de faire du lobbying régulièrement pour relancer les Etats.

A ce niveau, nos ministres qui se sont succédés depuis Allah Kouadio Rémi jusqu’à Mme Raymonde Goudou-Coffie ont contribué à la relance en se rendant dans les différents Etats. C’était l’exemple du ministre Allah Kouadio Rémi à Libreville au Gabon. C’est même lui qui a eu l’idée géniale d’initier l’avant-projet de convention. Il y a eu le ministre Aka Aouélé à Yaoundé, le ministre Yoman N’Dri au Sénégal. Il faut noter que c’est la ministre de la santé actuelle qui a présenté officiellement au premier ministre Daniel Kablan Duncan, les référentiels santé que nous avons élaboré et fait valider à Yaoundé par les Etats. Ces référentiels ont été remis officiellement aux ambassadeurs des Etats membres et à d’autres partenaires au mois de mai 2013.

Les activités sont nombreuses. Nous avons contribué au plan stratégique d’assurance qualité du Cames soutenu par l’Union économique et monétaire Ouest-africain (Uemoa) et la Banque mondiale. Nous avons pris part également à des projets spécifiques du Cames. Nous sommes la conduite du programme d’accréditation selon le schéma OMS/AFRO des laboratoires de biologie médicale. Les Etats-Unis à travers le Cdc/Pepfar et l’Oms se sont servis de la norme Iso 15189 qui est la norme qui régit les organismes d’accréditation.  Sur la base de cette norme, des laboratoires en Afrique ont été choisi pour aller à l’accréditation.

Qu’est-ce que le processus d’amélioration de la qualité par pallier ?

En Côte d’Ivoire, nous avons sélectionné 85 laboratoires depuis 2010. Ces laboratoires ont l’objet d’évaluation et d’audit. Le processus d’amélioration de la qualité par pallier consiste donc à émettre des étoiles sur la base d’audits au niveau des laboratoires. Quand un laboratoire fait un effort en termes de démarches de progrès, il obtient des étoiles. Si c’est une étoile, cela veut dire que nous sommes au premier niveau. Quand on arrive à cinq étoiles, c’est en ce moment qu’on peut prétendre aller à l’accréditation.

Depuis 2010 jusqu’alors nous auditons et nous attribuons des étoiles à ces laboratoires. Globalement, l’ensemble des laboratoires se situe à trois étoiles. Cependant lorsqu’on les prend individuellement, il y en a qui sont en dessous d’une étoile. Il y en a qui sont à une étoile. Il y a deux ou trois laboratoires qui sont à cinq étoiles.


En terme de perspectives qu’est-ce qu’on doit retenir ?

Il faut dire que notre outil, le Cresac a fait du chemin. Le Cresac a évolué et fait beaucoup de progrès. Notre ambition, c’est d’en faire incontournable et crédible. Non seulement dans les Etats membres mais aussi dans la sous-région et même au niveau international. Nous devons même aller au-delà des pays francophones. Et aller sur le terrain anglophone, arabophone et lusophone. Le Cresac est déjà affilié à l’Ilac et à l’Iscoa qui est la société internationale de qualité en terme d’évaluation et d’accréditation pour les ministères en charge de la santé du monde entier. Notre rêve, c’est d’en faire un outil d’excellence incontournable, crédible dans ces Etats membres.

Interview réalisée par CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info

Restez connecté sur le site web de Fraternité Matin pour plus d'informations nationale et internationale