Cinéma: De Nollywood à New Nollywood: du mirage au miracle ?
Cinéma: De Nollywood à New Nollywood: du mirage au miracle ?
Abuja, capitale fédérale du Nigeria, samedi 1er octobre, 24h25, (23H25). A la descente du vol direct de la compagnie nationale ivoirienne, Air Côte d’Ivoire, qui assura en 1h55 minutes la liaison depuis la capitale économique ivoirienne, une certaine appréhension nous habite quant à pénétrer l’univers du 7e art nigérian. « Abuja et son festival dédié au cinéma, sont le lieu et le rendez-vous opportuns pour y parvenir avec efficience ? » : telle est la principale question qui nous taraude l’esprit pendant que nous rejoignons notre résidence, Gwarinpa Estate, à quelque 40 kilomètres de l’aéroport international Nmamdi Azikiwe. Surtout qu’au détour d’une lecture dans l’avion, nous comprenons comment les faits divers collent aux thèmes abordés par certains films. Le hic, c’est que, selon sa réputation de ville née ex-nihilo et porte-étendard, en tant que capitale d’un pays ambitieux, Abuja, ne serait pas abonnée à de tels chroniques journalières.
Il faut parfois, en effet, avoir le cœur bien accroché pour lire la presse nigériane. Surtout dans un avion qui vous y envoie, pour la première fois. Même si ce n’était le cas. L’on peut y faire de macabres découvertes. Ainsi, dans son édition de ce 1er octobre, The Punch, le quotidien le plus lu du pays (tirage 200 000 exemplaires), avait consacré deux pleines pages à un terrible fait divers. Sur une photo, on voyait très nettement un jeune homme en état d'arrestation, posant à côté de la tête d'une enfant : celle de sa nièce de cinq ans.
Selon la police, il l'avait décapitée. Il avait avoué les faits. Quelques heures plus tôt, le jeune homme s'était vu confier la garde de sa nièce, mais il aurait décidé de changer radicalement le programme et de la décapiter. Selon son témoignage, il pensait que le fait de « sacrifier » l'enfant allait lui apporter la richesse. C'était en tout cas le conseil que lui avaient donné des hommes de sciences occultes ! Et pour en rajouter à un doute, certes critique, la sécurisation corsée à l’aéroport, dans les rues comme devant certains édifices publics, nous ramène à l’esprit, la psychose terroriste avec Boko Haram qui sévit au Nigeria, notamment, dans le nord du pays.
Après une très courte nuit et un petit-déjeuner expéditif, un échange avec notre hôte, le père Joseph Aka, affectueusement appelé Joe, un prélat ivoirien, secrétaire général de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’ouest (Cerao) dont le siège, depuis quelques années a été relocalisé, d’Abidjan à Abuja, inhibe nos doutes et établit les certitudes que nous avions en choisissant de pénétrer Nollywood par Abuja et non par Lagos. En effet, notre tuteur nous édifie en évoquant comment, aussi bien l’Etat fédéral, les 35 Etats qui composent la fédération, mais aussi et surtout des opérateurs privés à l’aune de grands passionnés, ont établi en presqu’une double décennie, l’empire cinématographique nigérian. Une posture corroborée par bien de nos interlocuteurs, à la faveur du week-end et du lundi férié qui suivirent, en raison de la fête nationale.
In fine, traiter de la « Success Story » du cinéma nigérian à partir d’Abuja, nous étant apparu comme l’idée et le lieu les plus idoines, pour rencontrer acteurs du secteur loin du stress de Lagos, mais aussi, l’alibi pour sonder les autorités fédérales, diplomatiques et autres officiels dont Abuja est la base opérationnelle, fut à propos. Un peu comme pour apprécier loin des Spot-lights et autres artefacts du cinéma, ce que pensent, réellement, les gens de la déferlante « nollywoodienne ». Qui, en définitive, loin de ladite déferlante avec des DVD et films proposés par de nombreuses chaînes de télévisions voire certaines qui en sont devenues des canaux spécialisés, est passée d’un fourre-tout de débrouillardise, un mirage vers un eldorado, à une industrie structurée, un véritable miracle, pourvoyeuse d’emplois et vecteur d’une identité culturelle dans l’air de son temps : le New Nollywood ! Bien plus, avec les connexions établies dans la capitale fédérale du Nigeria, un tour d’horizon-éclair à Lagos, en une demi-journée, nous aura été fort utile. Dans le sens que la transition entre l’ancien et le nouveau Nollywood révèle des pesanteurs qui grippent la machine.
Mardi 4 octobre. Silverbird Cinema Center, au centre d’Abuja, l’épicentre du 13e Festival. Le directeur dudit évènement, Fidelis Duker qui nous accueille, s’enthousiasme du fait que l’Afrique francophone s’intéresse à ce festival. Son sentiment est d’autant plus grand que nous sommes avec notre confrère Ishaka Adegboye, correspondant de Rfi qui a été formé à l’Université de Bouaké et fait ses classes à Abidjan (Deuscthwelle, Fréquence 2). Il nous fait comprendre que dans le but de tire vers le haut le 7e art de son pays dont il est une figure de proue, M. Duker, insiste sur la participation, aussi bien en exhibition qu’en compétition, de films d’Amérique, d’Europe, d’Asie… C’est à ce moment que Francis Duru, l’une des icônes de Nollywood, acteur pétri de talent et que nous avons la faveur de côtoyer depuis près de 5 ans, nous rejoint à quelques minutes de la cérémonie d’ouverture pour partager son expérience.
Ainsi, Francis Duru et Fidelis Duker expliquent-ils que« Nollywood est un mot éclectique, et monté de toutes pièces, allusion faite à ses devancières américaine et indienne, évoquant l'importance du cinéma du Nigeria. Deuxième puissance cinématographique au monde quant au nombre de films depuis 2009, devant les États-Unis (Hollywood) et derrière l'Inde (Bollywood), le Nigeria produit chaque année 2 000 à 3000 films aux formats numériques ». Son public régulier est estimé à 150 millions de spectateurs. Le reste du séjour d’une dizaine jours, est un véritable nectar de rencontres, des sommités fédérales, aux personnels de maison, en passant par des chauffeurs de taxi, des hommes et femmes ordinaires, et bien sûr par des hommes et femmes passionnés par leur métier, faire du cinéma.
Le cinéma de Boko Haram…
Et à la question de savoir si la menace terroriste avec Boko Haram n’affecte pas ou, à tout le moins ne grippe pas la machine du cinéma de leur pays, les Nigérians qui bottent en touche, pour la plupart, n’affichent pas moins un optimisme quant à sa prochaine neutralisation.
Femi Odugbemi, réalisateur audiovisuel, spécialiste de documentaires historiques, lui, est plus disert : «Boko Haram, ils sont aussi cinéastes ! Ils ont déstabilisé le gouvernement avec leurs vidéos comme il peut arriver à un cinéaste d’y parvenir ! Boko Haram ne gêne pas l’activité cinématographique au Nigeria. On peut même comparer leurs vidéos à du cinéma. C’est une forme de propagande. Il en est de même pour l’armée. La technologie permet aux terroristes et aux terrorisés de faire du cinéma ! Boko Haram se trouve au nord du Nigeria, alors que les villes du cinéma sont Lagos, Abuja, Kano… ; des villes où jusqu'à présent, il n'est pas actif.L'armée nigériane est aussi plus sérieuse maintenant ». De quoi donc nous rassurer pour la suite de notre immersion dans le 7e art de la puissance africaine.
Le Nigeria et Nollywood, si l’on peut s’exprimer ainsi tout en paraphrasant Chief Ben Bruce, magnat des médias, véritable sachant, ancien Pca de la télévision nationale, promoteur de Silverbird Group (Cinémas, divertissement, médias et production) et, par ailleurs, sénateur,« c’est une, relativement, courte histoire. Au début des années 1990, la crise économique avait obligé les professionnels de la télévision à gagner différemment leur vie. La recette anticrise trouvée était alors de produire et diffuser le plus vite possible des films à très petits budgets ».
Francis Duru, acteur et producteur renchérit :« Les maisons de production se sont regroupées dans le quartier populaire de Surelere à Lagos. Imitant le système des grands studios hollywoodiens, des maisons abritent des bureaux de production, des salles de montage, des entrepôts de matériel - mais pas de plateaux de tournage (le pays n'en compte pas et les films se tournent en décor naturel). Le budget moyen d'un long métrage est de 3 à 6 millions de nairas (plus ou moins équivalant au FCfa avec le pays qui est officiellement rentré en récession depuis le 1er octobre 2016 incluant une dévaluation de 50% de la monnaie locale) et son tournage dure une semaine environ. La grande majorité des films est tournée en vidéo, et non en pellicule (trop chère). La post-production du film (montage, mixage, étalonnage) a lieu très rapidement après le tournage, pour permettre une sortie rapide ».
Ces apprentis réalisateurs, ainsi que les producteurs historiques, se mirent à tourner frénétiquement et à sortir leurs films directement en vidéo, pour le plus grand bonheur des Nigérians à même de les regarder à la maison. Aude Urcun, attachée culturelle de l’Ambassade de France à Abuja et directrice déléguée de l’Institut français du Nigeria, rencontrée à ses bureaux de Maitama, chic quartier de la capitale fédérale, à quelques mètres de l’Ambassade ivoirienne, souligne que les thématiques abordées sont de plain-pied avec la réalité sociologique du pays : « Leurs films, souvent des comédies ou des drames, abordent le quotidien des Nigérians : histoires d'amour, de trahison, de belles mères, de banditisme, d'émigration des campagnes vers la ville, de traditions, de religion, de rituels... Un cinéma low-cost qui s'est exporté sur tout le continent et même au-delà, où se trouve la diaspora nigériane ».
2500 milliards de FCfa, 2% du Pib, 1 million d’emplois !
Fidelis Duker et le Chief Ben Bruce sur les horizons originels de Nollywood, rappellent, en effet, qu’il est né dans les rues de Lagos grâce au commerce informel des vendeurs de rue à la fin des années 1980. Il est ressort des témoignages se recoupant que les vendeurs de supports VHS ont commencé à enregistrer des vidéos amateurs sur les cassettes vierges avec le but de différencier leurs stocks de la concurrence. Nollywood a pris de l'importance dans les années 1990, au moment où la télévision nationale a été victime des tensions politiques, libérant de nombreux artistes et techniciens dont certains, alors au chômage, se sont mis à produire des films indépendants à petit budget. Mais, au fil des ans, en structuration et déstructuration, l’industrie a grandi au diapason de tout le pays. Mais, faut-il le noter, la collaboration, pour ne pas dire la complicité avec le Ghana en la matière, est exemplaire.
Le ministre fédéral de l’Information et de la Culture, Lai Mohammed, en marge de la cérémonie d’ouverture du Festival d’Abuja, évoque avec emphase, l’industrie cinématographique de son pays dont il a la charge tutélaire : « Aujourd’hui, Nollywood est le deuxième employeur du pays et la plus grande industrie cinématographique au monde, après Bollywood en Inde et avant la planète américaine de Hollywood. Son poids économique est estimé à 5 milliards dollars, soit 2500 milliards de FCfa de recettes annuelles, soit 2% du Pib et jusqu’à un million d’emplois directs et indirects créés ».
Parmi les quelque 2 000 films produits chaque année, la très grande majorité se limite à des histoires à l’eau de rose, avec des budgets qui ne dépassent guère les montants susmentionnés, force est de le reconnaître. Toutefois, ces histoires, intéressent, au plus haut point, les cinéphiles et télé-philes d’Afrique et de ses diasporas. Avec une grande attraction pour l’Afrique francophone. Ainsi, depuis 2011, la société française Thema a acquis 750 heures de fictions télé produites à Nollywood, afin de les diffuser dans l’espace francophone la chaine, bien-nommée, Nollywood TV, basée à Paris. Répartis en cinq thématique, « Romance », « Action », « Drama », « Star » et « Family », Nollywood TV diffuse d’un film toutes les deux heures et un nouveau film tous les soirs. Thema, créée en 2005 par François Thiellet, possède un portefeuille de mandats pour une soixantaine de chaînes à l’international.
Depuis 2008, Thema est également éditeur d’offres TV, et notamment de bouquets « ethniques » comme le « Bouquet Africain ». Ce qui profite, tout aussi, à des professionnels de l’industrie de l’image et son des pays francophones d’Afrique. A l’instar de l’ivoirienne Madéka Kouadi-Timmerman, ex-chanteuse reconvertie en productrice audiovisuelle avec son label Ciné-Kita ; qui a la quasi-exclusivité du doublage des voix des séries de Nollywoood Tv.
En revanche, avec l’émergence du New Nollywood, de plus en plus de réalisateurs réussissent à produire de véritables films de cinéma, même si les budgets se retrouvent encore rarement en accord avec leurs ambitions. Moses « Sneeze » Inwang, un fan invétéré de Steven Spielberg quand il a appris le cinéma au Nigerian Film Institute, suivi par quelques cours à Londres, est l’un des fers de lance du renouveau nollywoodien. Depuis, il a réalisé 35 films qui ont été projetés aussi dans des festivals du monde entier pour « montrer la culture africaine à travers des histoires africaines ». Tourné avec un budget de 50 000 dollars (25 millions d FCfa), son dernier long métrage Stalker sur une styliste à succès harcelée est sorti en février dans 40 salles, sur DVD, sur Netflix et d’autres plateformes.« Au Nigeria, 500 000 personnes ont déjà vu mon film », dit-il avec fierté.
CEO ? Dernier vol pour Abuja…, les signes de la révolution !
Avec 1 million de dollars (500 millions de FCfa), The CEO de Kunle Afolayan avec Angélique Kidjo avait coûté dix fois plus que Lunch Time Heroes, tourné par Seyi Babatope avec des enfants amateurs.
Au niveau thématique, il faut noter une évolution, loin des histoires de sorciers, de successions, de quête d’eldorado, de prostitution avérée ou déguisée, etc., auxquelles l’ancien pendant nollywoodien avaient habitué le public. The CEO met, par exemple, en scène les ravages provoqués par le management moderne employé par les multinationales pour exploiter les ressources humaines et naturelles en Afrique. Quant aux méthodes de Kunle Afolayan, le réalisateur nigérian admet volontiers d’avoir choisi ses acteurs selon une stratégie bien précise : « ils viennent de tous les quatre coins de l’Afrique pour représenter l’Afrique ».
Le tout est couronné par la présence (très réussie) de la chanteuse d’origine béninoise Angélique Kidjo, transformée en actrice. Tourné au Nigeria, mais aussi en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud et en France, rien n’a été négligé pour satisfaire le public en Afrique et les sponsors en France. Deux entreprises françaises, très actives en Afrique et bien visibles dans le long métrage, ont entièrement financé le film. Dans le même élan, l’on pourrait dire que des coproductions avec l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Angola, etc. tirent New Nollywood vaers des cimaises plus prestigieuses. Il en est ainsi du dernier thriller, Dernier vol pour Abuja, qui n’a rien à envier aux productions outre-Atlantique.
Revêtu de ce nouveau costume, le film nigérian arpente les festivals et rencontres cinématographiques, de Jo’Burg, à Milan, en passant par Paris, avec un relatif succès, si ce n’est avec une curiosité enchantée. Rompant ainsi les amarres avec une machine à navets qu’il a failli devenir avec sa filmographie plus que prolifique. Récemment à Abidjan, lors de la 2e édition du Discop à Abidjan, des opportunités de coproduction ont été défrichées avec des maisons ivoiriennes, entre autres. Ainsi que nous l’atteste Segun Arinze, méga-star et parrain artistique de la 13e édition du Festival d’Abuja.
Toutes choses qui visent à une amélioration qualitative ces productions. Car, selon Serge Michel du kassataya.com, « Des navets, Nollywood en a produit beaucoup. La majorité des longs-métrages ont coûté moins de 3 millions de FCfa. Ils ont été tournés en une semaine, montés les jours suivants, gravés sur DVD le lendemain et aussitôt piratés pour finir en vente dans la rue à 90 nairas. Les scénarios sont souvent indigents, les personnages caricaturaux. La bande-son a de la peine à effacer le bruit du groupe électrogène, accessoire indispensable des tournages dans une ville où l'électricité s'interrompt sans cesse. Il n'empêche, Nollywood est un résumé saisissant de l'Afrique au XXIe siècle, une histoire d'audace, de débrouillardise et de talent, mais aussi d'impostures, de scandales, de faillites ».
« Nollywood style, c'est let's go-let's go style (“On fonce, on fonce”) », résume Lancelot Oduwa Imasuen qui, à 37 ans, a déjà dirigé… 160 longs-métrages. Pour lui, cependant s'il y a quelque chose à apprendre de Nollywood, au moment où les modèles occidentaux de production du cinéma s'essoufflent, c'est la recette de films meilleur marché – dans une ville, Lagos, parmi les plus chères au monde. Comment tourner au lieu d'attendre des subventions, la solution est vite trouvée. C’est le secteur privé, en plus des gouvernements locaux qui soutient certaines productions. D’où la limitation de la censure, d’une certaine manière, si l’on s’en tient aux propos de certains agents de l’Audiovisual rights society of Nigeria (Avrs), la société gérant le droit d’auteur cinématographique.
Le torrent Nollywood l'avait éclipsée, cette censure. Mais voilà qu'elle se réveille, effarée par des films de plus en plus érotiques et qui mettent parfois en scène des accouplements gays ou lesbiens. Dans un pays avec, une Eglise catholique hyper riche, des Eglises évangélistes toutes puissantes et des imams vénérés, l'homosexualité est passible de quatorze ans de prison et même de la lapidation. Dans une comédie récente, des femmes aux pouvoirs surnaturels transforment les hommes séduits en… Blackberry modèle Bold 5. Trop d'irrévérence pour la censure. Les smartphones Blackberry restant au Nigeria le symbole du pouvoir. Serait-ce pour cela que l’Etat ne subventionne pas Nollywood ? Que nenni ! Ne serait-ce que par la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire et diverses formes d’accompagnements. A l’instar de l’annonce faite par le ministre Lai Mohammed de soutenir la formation et la mise à disposition de fonds de garantie à 180 producteurs et/ou acteurs par an.
Pour le réalisateur Femi Odugbemi, « Le cinéma est avant tout une entreprise privée. Le gouvernement nigérian ne s’est intéressé au cinéma de manière sérieuse que sous la présidence de Goodluck Jonathan. Quand j’étais le président de l’Association des producteurs, le gouvernement était toujours disposé à nous écouter mais cela n’a jamais été suivi d’effet. Son rôle est encore peu significatif même si le défunt régime avait commencé à accorder des bourses aux étudiants désirant poursuivre des études de cinéma et à financer des prêts pour la production de films sans taux d’intérêt. Si mes souvenirs sont bons, Nollywood a été dirigé pendant 20 ans par des entreprises privées, s’exerçant dans la vente de matériels électroniques. C’est le public qui a fait revivre le cinéma. Il demeure toutefois certain que le cinéma a davantage besoin d’un environnement viable pour son essor que des hypothétiques fonds qui pourraient y être injectés ».
Princess Adaeze, journaliste et productrice à Abuja, estime, quant à elle, que « L’Etat peut aider, par exemple, à lever les droits de douane sur l’importation du matériel, à l’installation au Nigeria d’entreprises qui en fabriquent, à la formation des réalisateurs et de tous les métiers du cinéma. C’est de cette manière que l’on encouragera le cinéma qui raconte notre trajectoire, nos aventures individuelles et collectives et non celui-là qui favorise le néo-colonialisme culturel. Nous devons utiliser tous nos talents pour créer notre réalité et utiliser les nouvelles technologies pour la propager de manière avantageuse ; là est le rôle du gouvernement. Ceci requiert beaucoup de volonté politique ».
Mais quand un politique prend le costume d’un businessman, ça fait des étincelles. Et c’est le cas avec Chief Ben Bruce qui avec Silverbird est l’une des figures de proue de la production audiovisuelle et mécène cinématographique avec ses salles de cinéma, studios de télévision, bref, le nec plus ultra des infrastructures, aussi bien à Lagos, Abuja que Kano.
Un blanc-seing accordé au star system dans lequel Nollywood est entré en échappant pas à l’adéquation de ses devancières indienne et américaine. Sans compter européenne. Ainsi, des acteurs et actrices sont devenus au fil de l’essor de Nollywood, de véritables stars ; riches, fortunés, avec tout le blin-bling qui sied.
Pluie de stars !
Il en est ainsi de certains qui ont fait le déplacement d’Abuja, en octobre, et non des moindres. Richard Mofe Damijo (populairement connu comme RMD, est un acteur et homme politique nigérian considéré comme le plus fortuné. En 2005, il a remporté le Prix d’Académie du film africain, catégorie, meilleur acteur. Ou encore, Jim Iyke, de son vrai nom James Ikechukwu Esomugha, populairement connu comme Jim Iyke et l’une des stars du film Last Flight to Abuja, le film en vogue actuellement, un vrai film d’action produit en Afrique. Il est l’un des acteurs les mieux payés de Nollywood. il est apparu dans plus de 150 films. Il a mis sur pied une société de production de films, Untamed Productions en 2007. Mais aussi, Nkem Umus, mieux connu comme Osuofia qui est l’un des vétérans de films de comédie au Nigeria.
Mais celles qui font ravir les cœurs, ce sont les actrices de Nollywood. Dont le top 10 de celles qui ont la cote fait ressortir en palier décroissant :Chioma Chukwuba, Uche Jombo, Monalisa Chinda, Patience Ozokwor, Omotola Jalade Ekeinde, Mercy Johnson, Rita Dominic, Ini Edo, Genevieve Nnaji, Kate Henshaw. Cette dernière, qui occupe la première place du top 10 des actrices les plus riches de Nollywood, a glané entre 2008 et 2010, de 180 millions de Fca en jouant dans des films. Également top model, Kate Henshaw figure parmi le jury de l’émission ‘‘Le Nigeria a du talent’’. Elle est la plus fortunée des stars nigérianes du cinéma car sa fortune personnelle s’élève aujourd’hui à près 700 millions à 1 milliard de Fcfa.
REMI COULIBALY
Envoyé spécial au Nigeria
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