Bonoua: Un quartier menacé d’effondrement
Une dizaine de maisons écroulées, une trentaine encore en « sursis » sont menacées par des eaux de ruissellement qui ont creusé un trou béant d’environ 15 mètres de diamètre et de plus de 2 mètres de profondeur. Occasionnant d’importants dégâts matériels.
Selon les riverains, au départ, ce n’était qu’une petite rigole creusée par la pluie. Au fur et à mesure, elle s’est agrandie surtout pendant la saison pluvieuse. Et le sol a continué à s’éroder. De sorte qu’en 1998, le pont reliant le quartier Begnery-Aviation au cimetière de la ville s’est affaissé. Il en a été de même du grand collecteur qui servait à drainer les eaux de pluie et les eaux usées de plusieurs quartiers de Bonoua.
Les habitants des lieux, qui ne savaient pas où donner de la tête, n’ont pas manqué de tancer les différentes équipes municipales qui disent- ils auraient fait preuve de négligence.
« Quand l’érosion a commencé son effet, mon fils a informé les autorités. Lorsqu’il pleut mes enfants et moi ne dormons pas. Nous avons peur que notre maison nous tombe dessus.», relève Mme Tchoya Awa. Surtout, qu’un pan du mur de sa cuisine a été déjà emporté par les eaux de pluie.
Quant à l’ancienne équipe municipale, elle se défend en expliquant qu’elle avait informé le ministère de la Construction et de l’Environnement en son temps. Celui-ci a fait initier par le Bureau nationale d’Etudes techniques et de Développement (BNETD) des études de travaux d’assainissement et de réhabilitation, dont le coût fut estimé à 400 millions de Fcfa.
« Alors que le budget global d’investissement de la mairie n’atteignait pas chaque année 100 millions Fcfa », soulignait un ancien responsable de la commune de Bonoua. Mais ces travaux qui avaient été évalués en 1995 n’ont pas connu un début d’exécution jusqu’à ce jour.
Les nouveaux responsables communaux en place ont inscrit la réhabilitation de ce « tunnel » au titre des investissements à réaliser. Aujourd’hui, la pluie continue de creuser le sol laissant sur son passage d’énormes trous dont le plus grand atteint 600mètres de long et 2 mètres de profondeur. Les habitations environnantes peuvent à tout moment s’écrouler.
De l’avis des urbanistes, la situation que vivent les populations du quartier Begnery-Aviation est la résultante de la précarité ou de l’insuffisance même des travaux de viabilisation réalisés dans la plupart des communes ivoiriennes.
Selon eux, en lieu et place d’un véritable assainissement des villes, il est réalisé bien souvent, en bordure d’une ou deux principales voies d’accès, des caniveaux que les occupants des lieux ont vite fait d’obstruer en y déversant ordures de tout genre.
Alors, qu’au départ ceux-ci sont insuffisants pour drainer les eaux de ruissellement. Et qu’en plus, le relief y est tantôt sablonneux. Cela expose du coup les habitations aux risques d’éboulement en saison de pluie. Bien souvent, les autorités compétentes ont laissé faire ou même tacitement encouragé l’implantation des populations en ces lieux.
A Bonoua, les populations profitent de la pluie pour déverser les ordures ménagères dans les caniveaux. Conséquence, les eaux pluviales et les déchets de toutes sortes se retrouvent après les pluies sur les chaussées à travers la ville.
Très souvent, c’est une marre avec un amoncellement d’ordures qui se crée sur la voie internationale Abidjan-Accra. Ce qui perturbe la circulation. Cette situation perdure en dépit des différents arrêtés municipaux, et autres campagnes de sensibilisation.
A Yaou, localité située à 5 km de Bonoua, ce sont les animaux immolés, des bougies, des cauris, des œufs et autres objets d’adoration qui sont déposés sur la rive de la rivière dont l’eau est consommée par de nombreux villageois.
Arsène Kanga
Correspondant Régional