Système éducatif ivoirien : Les efforts de l’Etat qui ont fait remonter la pente

Malgré les efforts consentis par le gouvernement, la performance du système éducatif ivoirien reste mitigée constate la Banque mondiale.
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Système éducatif ivoirien : Les efforts de l’Etat qui ont fait remonter la pente

« Après une décade de crise, le système éducatif ivoirien est en train de remonter la pente, mais sa performance reste encore aujourd’hui en deçà de celle reportée dans de nombreux pays africains. En outre, cette performance est fort éloignée de celle des pays émergents. Puisque la Côte d’Ivoire reporte environ 25 ans de retard par rapport à la Thaïlande », note le rapport de la Banque mondiale publié en janvier 2017 sous l’intitulé « Le défi des compétences/Pourquoi la Côte d’Ivoire doit réformer son système éducatif ».

Pourtant, les efforts de l’Etat sont énormes, reconnaît le rapport. Le document note, en effet, qu’au sortir des dix années de crise socio-politique qui ont affecté le système éducatif ivoirien, « La Côte d’Ivoire était en retrait de la performance atteinte par presque tous les pays de la sous-région en 2011 ». Mais, dès le retour à la stabilité politique, le gouvernement ivoirien a affiché « une forte volonté  de remettre sur pied le système éducatif ». Ce qui s’est traduit par un effort conséquent dans la mobilisation davantage de ressources budgétaires et la mise en place « de réformes ambitieuses, comme le droit à l’éducation gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans ».

Concernant l’affectation des ressources financières, c’est une progression de 7,5% par an qui a été enregistrée. Ces moyens ont été essentiellement engloutis dans la construction de nouvelles classes. A savoir, 9 291 classes pour le primaire et 3 500 clases pour le secondaire. L’Etat a recruté de nombreux enseignants (19 995 pour le primaire et 6 167 pour le secondaire).

La Banque mondiale révèle que depuis 2015, l’Etat consacre environ le quart de son budget à l’Education ou presque 5% de son Pib. Ce qui a placé le pays parmi les premiers sur le continent africain en 2016.

Les efforts financiers de l’Etat ont aussi pour nom, le bon niveau de rémunération du personnel. A ce sujet, « les enseignants ivoiriens sont comparativement mieux payés que tous les pays comparateurs de notre échantillon (Mali, Togo, Madagascar, Gabon Cameroun, Tchad, Guinée », indique le rapport. Dans le primaire, les salaires moyens sont supérieurs de 33,4 % par rapport à la référence moyenne desdits pays. Au niveau du secondaire, le document fait apparaître que les mêmes écarts subsistent comparativement au pays de l’échantillon.

A côté des efforts financiers, le gouvernement a entrepris des réformes dans le but d’améliorer les performances du système éducatif. Le rapport indique que l’année 2015 a été marquée par la création du Comité interministériel de coordination du secteur Education/Formation et de la Cellule technique de coordination et de suivi des politiques et plans stratégiques du secteur Education/Formation.

De plus, le système éducatif s’est doté de capacités accrues d’évaluation de ses politiques et résultats. L’inspection générale de l’Education nationale a été renforcée grâce à l’affectation de plus en plus de ressources aux activités d’évaluation des apprentissages.

« Sur un plan plus directement lié à la qualité », le rapport note que le ministère en charge de l’Education nationale a mis en œuvre la réforme des centres d’animation et de formation pédagogiques, à travers une amélioration des référentiels de formation et un renforcement de la gouvernance.

Dans l’enseignement supérieur, des contrats de performances ont été institués. « C’est une innovation majeure. Conduite jusqu’au bout, elle peut avoir un impact positif et significatif pour l’employabilité des formés », apprécie le rapport.

Ce sont tous ces efforts qui permettent aujourd’hui au système éducatif ivoirien de sortir la tête de l’eau. La Banque mondiale constate même que « tous ces efforts ont commencé à porter leurs fruits. Dans la mesure où on constate une amélioration de la performance scolaire. « Les taux d’inscription et de réussite ont augmenté sensiblement au cours de ces dernières années ».

Mais ce frémissement ne permet pas à la Côte d’Ivoire d’atteindre une performance exemplaire. Le niveau reste encore bas, constate la Banque mondiale.

ALAKAGNI HALA

 

CES INDICATEURS QUI TIRENT PAR LE BAS

Le rapport de la Banque mondiale montre que malgré les efforts consentis par le gouvernement, les résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Notamment en ce qui concerne la qualité des apprentissages et la durée des scolarisations.

Impossible de tourner autour du pot. Le niveau des élèves est de plus en plus faible. « Les résultats de l’évaluation des compétences en troisième année du primaire réalisée en 2012 montrent que la majorité des élèves ont un niveau faible ou très faible, aussi bien en français (87%) qu’en mathématiques (73%) », indique la Banque mondiale.

L’autre donne importante qui tire le système éducatif ivoirien par le bas est l’espérance de vie scolaire. Elle est trop courte. 7,7 ans sur l’ensemble du territoire en 2015 alors qu’elle a atteint 9,7 ans en Afrique et 12 ans dans les pays à revenu intermédiaire.

A.H.   

 

 

LES ENSEIGNANTS VIVEMENT INTERPELLES

 

Au nombre des pistes de solutions que la Banque mondiale propose au gouvernement pour que l’école ivoirienne soit performante, une est relative à l’amélioration du rendement des enseignants. L’institution note dans son rapport qu’ils sont bien payés – ils ont une rémunération qui est 4,5 fois plus supérieure à celle du revenu moyen par habitant – mais l‘enseignement qu’ils donnent ne débouche pas sur la performance.

 

L’information ne surprendra certainement aucun Ivoirien. Tout le monde sait, le niveau des enfants a baissé. Et les premiers qui devraient se sentir interpellés sont les enseignants. Il leur a toujours été reproché, à tort ou à raison, de faire preuve de légèreté dans l’encadrement des apprenants, aussi bien au niveau du primaire que du secondaire.

 

Le rapport de la Banque mondiale s’adresse, certes, au gouvernement. Mais il parle aussi aux enseignants. Nous estimons qu’il leur dit, entre autres, que le gouvernement fait des pieds et des mains pour honorer sa part de responsabilité et qu’ils doivent, eux aussi, jouer (correctement) leur rôle.

 

Jouer correctement son rôle, c’est écouter la tutelle et respecter les directives et décisions prises pour un système éducatif performant… comme la réinstauration des cours de mercredi que certains ne veulent pas.

 

Jouer correctement son rôle, c’est faire en sorte que le quantum horaire soit respecté. Il n’est pas interdit de revendiquer. Mais quand les grèves liées aux revendications finissent par tuer le travail pour lequel on est payé, cela devient problématique. Voire insensé.

 

Le corps enseignant a vraiment l’occasion, cette fois-ci, de démontrer qu’il est bien conscient qu’il a sa part de responsabilité dans la sous-performance de l’école ivoirienne. Et qu’il entend prendre ses responsabilités en faisant des propositions qui permettront de rectifier le tir. Le séminaire projeté par le ministre en charge de l’Education nationale, Kandia Camara, sur les conclusions du rapport de la Banque mondiale, est une aubaine à saisir. Pour une fois, ils se présenteront avec une image autre que celle de revendicateurs d’intérêts corporatifs.

 

Plus aucun Ivoirien ne doute désormais de ce que les enseignants sont les enfants gâtés de la République. Cette fois-ci, ce n’est pas Kandia Camara qui affirme que vous êtes mieux payés que vos collègues de la plupart des pays d’Africains. C’est la Banque mondiale qui le dit. En demandant au gouvernement d’accroître l’efficience du système, elle lui suggère même de ne pas « forcément » accorder la priorité à la réévaluation salariale et à un recrutement massif, au-delà des actions qu’il a déjà engagées pour les prochaines années.       

 

ALAKAGNI HALA