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Barrage hydro-électrique de Soubré: Amadou Gon met en service le premier groupe de production
L’agenda du premier ministre Adou Gon Coulibaly, était très chargé le 30 juin 2017. Arrivé peu avant 10 heures, c'est en compagnie de plusieurs membres du gouvernement qu’il est allé constater de visu l’évolution des travaux (exécutés à plus de 98%) de l’aménagement hydroélectrique de Soubré (275 mégawatts) lancés en février 2013 par le président de la république, Alassane Ouattara. Il a, ensuite, officiellement mis en service le 1er groupe de production d’électricité d’une capacité de 90 mégawatts.
Une quinzaine de médias nationaux ont effectué le déplacement sur ce barrage de 4,5 km qui prend sa source depuis le fleuve Nawa.
En mars 2016, l’actuel vice-président, alors premier ministre, effectuait sa 2e visite sur ce chantier de 331 milliards de FCfa financé par l’État de Côte d’ivoire et la république populaire de Chine.
La mise en service de ce 1er groupe intervient presque trois mois après sa mise en eau. Selon le calendrier prévisionnel, deux autres groupes, d’une capacité de 90 mégawatts chacun, en plus d’une mini-centrale de cinq mégawatts, devraient être opérationnels avant la fin du mois d’octobre. Date à laquelle, selon Amadou Gon Coulibaly, le président de la république procédera à l’inauguration officielle de cet important projet qui est en avance sur le calendrier initial de huit mois. Cet évènement sera suivi de la pose de la 1ère pierre d’un autre barrage (Gribo popoli) dans la même région.
L’aménagement hydroélectrique de Soubré permettra d’injecter, sur le réseau électrique ivoirien, 275 mégawatts supplémentaires portant ainsi la puissance installée du pays à 2200 mégawatts, soit une hausse de 804 mégawatts depuis 2011.
« Nous nous sommes concentrés sur les travaux essentiels, à savoir la production. Cela a donc accéléré les choses », fait remarquer Brice tchuinkam’su, qui travaille pour le groupe Tractebel engineering, rencontré dans son modeste bureau.
Le projet de soubré devrait augmenter la part de l’énergie renouvelable de 45% dans la production énergétique. Pour le ministre du pétrole, de l’Énergie et du Développement des Énergies renouvelables, Thierry Tanoh, cela « est en ligne avec les engagements de la Côte d’Ivoire dans le cadre de la Cop 21 ». De jour comme de nuit, ce sont environ 2500 travailleurs, ivoiriens, chinois et occidentaux, pour la plupart, qui exercent sur ce projet hydroélectrique, l’un des plus importants au cours de ces trois dernières décennies, et réalisé par Sinohydro, filiale de Power China. Il produira annuellement 11.000 gigawattheures. Tout en se félicitant de ce projet symbolisant « l’amitié ivoiro-chinoise », l’ambassadeur de Chine en Côte d’Ivoire, Tang Weibin, a rassuré que son pays « est prêt à encourager les entreprises chinoises à investir » dans le pays afin d’accompagner son développement.
En plus de l’aménagement hydroélectrique, le projet prend en compte la réalisation des aménagements et des extensions dans les postes sources de Soubré, Taabo et de Yopougon ii, la réalisation du réseau d’évacuation d’énergie comprenant une ligne haute tension de 225 KV, longue de 365 Km entre Soubré et Yopougon. À cela, s’ajoute la construction de deux cités (personnel en charge du chantier et de l’exploitation du barrage).
Doubler la production en 2020
L’ambition de la Côte d’ivoire est claire : il s’agit de doubler sa capacité de production, d’environ 2000 mégawatts actuellement à 3000 en 2018 puis à 4000 en 2020. « C’est un ambitieux projet », déclare le premier ministre. Rappelant que le gouvernement n’a cessé de consentir « plusieurs efforts » pour rendre le secteur plus performant afin de fournir « une énergie de qualité et à moindre coût » aux populations.
Ce, grâce à des investissements prévisionnels de 8000 milliards de FCfa sur la période 2016- 2020. En 2030, les autorités tablent même sur une production de 6000 mégawatts ; déjà que la Côte d’ivoire qui se veut un hub énergétique à cette date, fournit de l’électricité à plusieurs de ses voisins. Pour y arriver, elle qui connaît un besoin annuel croissant de 10% (Abidjan représente plus de 60% de la demande) dans le secteur de l’électricité, table sur la construction de nouveaux barrages (Gribo popoli, Toutoubré, …) et d’autres énergies renouvelables telles que la biomasse et le solaire (en projet à Aboisso et Korhogo).
Sur la période 2012-2016, ce sont environ 3000 milliards de FCfa qui ont été investis dans un secteur qui n’a pas connu d’importants investissements au cours de la dernière décennie en raison de la crise militaro-politique.
ANOH KOUAO
(Envoyé spécial à Soubré)