Fabrication d’armes artisanales: Vers la formalisation du secteur
Fabrication d’armes artisanales: Vers la formalisation du secteur
La production et la commercialisation des armes artisanales constituent une préoccupation pour les gouvernants de l’espace Cedeao en raison des crises qui secouent la sous-région.
C’est pour apporter une réponse à la question que la Commission nationale de lutte contre la prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petits calibres (ComNat-Alpc) a inscrit la production et la commercialisation des armes au chapitre des axes prioritaires de son plan de travail annuel 2017.
Ainsi, une étude a été menée par la ComNat-Alpc avec l’appui financier du Japon à travers le Pnud, conformément à la convention de la Cedeao sur les armes légères et de petits calibres, notamment en ces articles 7 et 8 autour du thème: « Etude sur la production artisanale des armes artisanales en Côte d’Ivoire ». Un atelier de restitution des résultats de cette étude a eu lieu le 21 septembre 2017, à Abidjan-Marcory.
Cette étude conduite par deux consultants indépendants (Hervé Gonsolin et Achille Kouhon) sur la période du 23 janvier au 30 avril 2017, a permis de comprendre que la production et la commercialisation d’armes artisanales est une activité lucrative mais informelle.
« Un fabricant d’armes peut confectionner 30 fusils par an. Si on estime qu’il existe 717 fabricants sur le territoire ivoirien, on peut atteindre une production de 20 à 25 000 fusils par an. Quand on met ce chiffre en rapport avec les prix de fabrication qui oscillent entre 30 000 et 75 000 F Cfa, on peut évaluer à 1 milliard de F Cfa les ressources qui découlent de cette activité », selon le rapport.
L’étude révèle aussi que « l’activité de fabricants d’armes artisanales est une affaire de castes tandis que la commercialisation relève de la confrérie Dozo, principalement ».
« L’objectif de cette étude est de recenser tous les producteurs artisanaux d’armes à feu et d’évaluer le nombre et types d’armes artisanales en circulation en vue de proposer des outils au gouvernement pour le contrôle de cette activité illicite », affirme le préfet hors-grade, Kouadio Yao, président de la ComNat-Alpc, représentant le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Sidiki Diakité.
Selon lui, la problématique de la production artisanale des armes est restée longtemps un sujet tabou dans l’agenda des Chefs d’Etat de la sous-région. Aussi dira-t-il, avec beaucoup d’humilité que « ce n’est pas une audace de la ComNat mais une simple application de la convention de la Cedeao qui invite les Etats membres à contrôler la fabrication des armes sur leur territoire national, réglementer cette activité, et adopter des politiques et stratégies de réduction de ces armes et leur commercialisation dans l’espace Cedeao ».
Pour le préfet hors-grade, cet atelier constitue donc un cadre interactif avec pour objectif de faire des propositions au gouvernement. Ce, afin de définir une politique stratégique cohérente qui permette de formaliser cette activité jusque-là pratiquée de façon clandestine.
Luc Grégoire, directeur-pays du Pnud, estime que cette action s’inscrit dans le cadre de la coopération entre la Côte d’Ivoire et les partenaires au développement qui a porté ses fruits au cours de ces dernières années. Mais aussi et surtout dans le cadre de la gouvernance sécuritaire au niveau communautaire, la cohésion sociale et la paix.
Eugène YAO
eugene.yao@fratmat.info