Industries culturelles et créatives : Leviers de croissance et d’émergence à booster
Industries culturelles et créatives : Leviers de croissance et d’émergence à booster
Dans le cadre de la 2e édition abidjanaise des Rencontres Africa, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, le 2 octobre, un panel sur le potentiel de la culture s’est tenu et révélé les champs à explorer pour le Continent. Dans le cadre des Rencontres Africa 2017 qui se sont tenues les lundi 2 et mardi 3 octobre, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, l’Institut français proposait un colloque intitulé« Les industries culturelles et créatives comme levier de la croissance ».
Quels sont les enjeux de ces industries créatives et culturelles, au croisement des diplomaties économiques et d’influence, telle est la problématique qui sous-tendait cette rencontre d’échanges d’expériences et de visions prospectives. La culture est un des facteurs majeurs du développement, comme valeur intrinsèque, mais aussi vecteur de développement favorisant l’attractivité des régions pour les touristes, résidents et investisseurs, et facteur actif de cohésion sociale au service de la connaissance, tolérance et créativité.
Partageant ces postulats, le Pdg de l’Agence France Presse (Afp), Emmanuel Hoog, Coulibaly Diakité, Directeur des infrastructures et équipements culturels, président du Fonds de soutien aux industries culturelles (Fonsic) au Ministère de la Culture de la Côte d'Ivoire, l’artiste et opérateur culturel, A’Salfo, le promoteur des salles de cinéma Majestic, Jean-Marc Bejani, Abib « Bibzo » M’Baye, directeur Live chez Universal Music Africa, aux côtés de Fanny Aubert Malaurie, conseiller-cinéma à l’Institut français (Venue du siège de Paris) ont insisté sur la nécessité de formaliser les cadres d’expressions de la culture et des arts, notamment pour l’Afrique.
Le leader du groupe Magic System, le chanteur A’salfo, lui-même entrepreneur culturel, a évoqué les enjeux de la filière musicale. L’accent devant être mis, à l’en croire, sur la professionnalisation de toute la chaîne. Le continent africain, pour le représentant de la Major Universal, est un créateur majeur de culture. Musique, cinéma, télévision, édition étant des marchés en constant développement et mutation. Il en est ainsi de l’édition musicale, par exemple, qui cède au chant des téléchargements légaux en ligne.
Un nouveau soleil ivoirien avec le cinéma
En ce qui concerne le cinéma, Jean-Marc Bejani constate une embellie réelle du secteur avec une appétence croissance du public. Le tout, toujours lié à la montée en puissance du numérique et du digital. D’où l’intérêt de recréer des filières consommation locales. A ce jour 20 Instituts français sur l’ensemble du continent africain disposent d’une salle numérisée, offrant ainsi près de 4000 fauteuils. L’Institut français s’engageant sur un soutien à la diffusion du cinéma d’animation de Côte d’Ivoire : un accord sera conclu à Abidjan entre l’Institut français et le producteur d’animation Afrikatoon, afin de diffuser les films du studio ivoirien dans le réseau de salles numérisées des Instituts français en Afrique.
L’annonce a été faite à l’Institut français d’Abidjan, salle numérisée en 2015 avec le soutien du Cnc (Centre national du cinéma et de l’image animée) dans la soirée du 2 octobre à l’Institut Français d’Abidjan. Corollaire indispensable au développement de cette filière : le développement des salles de cinéma en Afrique. Actuellement, l’Afrique sub-saharienne, ne compte (hors Nigéria et Afrique du sud) que 25 écrans numérisés pour 1 milliard d’habitants.
L’Industrie du cinéma, toujours au centre du débat, l’a été avec l’action du Fonsic, développée par Coulibaly Diakité, l’organisme du ministère de la Culture ivoirien pour soutenir l’industrie du cinéma, les écoles et formations aux métiers du cinéma, et le soutien à la production des films. Aussi et à bon escient, à la faveur du dernier Festival d’Angoulême (France), a signé une convention entre l’Ecole de l’image animée et l’Institut national des arts et de l’action culturelle (Insaac) d’Abidjan.
Du binôme culture/information et la vision de l’Afp pour l’Afrique
En rappelant que les Rencontres Africa étant une initiative du gouvernement français, il incombe de signifier que tous les médias français s'intéressent à l'Afrique. Est-ce un relais de croissance pour l'Afp? C’est, plus ou moins, à cela que s’est attelé le Pdg de l’Afp. Pour Emmanuel Hoog, « l'Afp est déjà l'agence mondiale la plus présente en Afrique. Nous sommes le premier producteur d'informations sur l'Afrique pour le reste du monde. Nos fils Afrique sont achetés par plus de 365 clients. C'est l'un des avantages concurrentiels reconnu de l'Afp et nous allons continuer de le développer.
Pour l'Agence, l'Afrique est prometteuse en raison du dynamisme de la francophonie mais aussi du reste du continent. Ainsi nos principaux clients sont situés en Afrique anglophone ». Qui dispose sur le continent d’un réseau exceptionnel de plus de 200 journalistes texte, photo et vidéo, dans 53 pays et de près de 50 nationalités différentes, au service d’une couverture rapide, fiable et exhaustive : actualité internationale, politique, sports, économie, lifestyle, culture, sciences et technologies…
Sur le segment de la vidéo où l’Afp produit 250 vidéos par jour. Sur l'écrit, sa puissance (5.000 dépêches par jour) n'est plus à démontrer. Elle propose aussi 3.000 photos par jour, et même 5.000 à 6.000 pendant les grands événements sportifs. La filière culturelle, largement créatrice d’emplois et de richesse, ne pourra se développer sans rémunération équitable des artistes. Donc une question de la production et de la diffusion qui mérite d’être posée.
Cet enjeu commun anime l’ensemble de ces industries, musique, édition, cinéma, audiovisuel, spectacle… Parmi les sujets évoqués dans ce colloque : la croissance exponentielle du marché de « l’information », le développement du marché musical et le cinéma. Avec en ligne de mire, le développement concurrentiel de l’Internet, du piratage des œuvres de l’esprit et la crise de la presse imprimée.
A cet effet, le boss de l’Afp confie : « Nous en subissons les répercussions. Les annonceurs quittent le print pour se reporter sur Internet. Mais, même avec les grands réseaux sociaux, aucun grand média au monde ne se passe d'agences, que ce soient les télévisions, les journaux ou les publications sérieuses sur Internet. Ce qui compte dans la compétition, c'est de rester un élément de référence.
Une grande partie de nos clients sont dans des situations difficiles ». Emmanuel Hoog précisant, toutefois, qu’au milieu du bruit, de la rumeur, des propagandes en tous genres, les agences restent des labels, des garanties, des certificats de fiabilité et d'authenticité. C'est en tout cas ce à quoi elles doivent s'astreindre en permanence.
Une étude récente montre le caractère central de l'Afp dans l'économie des médias en France. Sur la base de 2,5 millions d'articles en 2013, 64 % sont des copier-coller d'autres articles, en particulier de dépêches Afp. Il faut en moyenne moins de 3 heures pour qu'un événement couvert par un site le soit aussi par un autre.
La moitié des événements donne lieu à des reprises en seulement 25 minutes et un quart en 230 secondes, généralement des reprises de dépêches Afp. Une fois sur 2, l'Afp a été la première à rendre publique l'information sur un événement, reprise ensuite par d'autres médias après 25 minutes en moyenne.
REMI COULIBALY