« On entend de nombreuses plaintes des épouses délaissées pour une femme plus jeune ». Lorsque ces femmes viennent vers nous, au lieu d’aller voir un avocat pour entamer une procédure de divorce, notre rôle de thérapeute est de les aider à aller mieux.

« Ce sont des femmes qui se sentent mal dans leur foyer. Elles sont dans un état de dépression. Les épisodes dépressifs ou de troubles anxieux s’accompagnent de somatisation (Ndlr La somatisation est une terminologie médicale qui désigne la transcription d'un trouble psychique ou psychologique en un symptôme d'ordre physique). Dans un foyer polygame, la moindre maladie d’un enfant devient automatiquement une source d’angoisse pour sa mère qui a vite fait d’y voir un mauvais sort de la coépouse, indique Dr Anna Corinne Bissouma, psychiatre. Et cette inquiétude permanente va accentuer leur fragilité psychologique. Selon le Pr Aida Sylla, le plus dur dans la souffrance des premières épouses est le fait de ne pas avoir été associées au projet. Du jour au lendemain, ces femmes constatent que l’être dont elles se sentaient le plus proche a pu ainsi réorganiser sa vie sans les associer. Dans certains cas, c’est au terme d’une enquête minutieuse qu’elles découvrent que leur « moitié » a pris une autre moitié.

Et qu’elles se retrouvent dans un ménage triangulaire. Pour elles, il faut faire le deuil de l’image du couple moderne. Un travail d’autant plus difficile qu’au départ, les tourtereaux ont offert l’image d’un couple moderne. Avec un projet de vie à deux. Nous allons « construire notre maison, avoir et éduquer nos enfants, gérer nos carrières », s’étaient-ils promis. Avec l’arrivée d’une coépouse, c’est tout un idéal de vie qui s’écroule.

Ce second mariage qui implique un changement dans les habitudes quotidiennes pour sa première épouse et ses enfants est nié par l’homme. A cause de la culpabilité ? Sans oublier que l’homme, dans sa ronde, va « cloisonner les informations de ses vies parallèles. Donnant de faux espoirs à chaque femme sur l’éclatement prochain de son ménage avec l’autre. « Seulement, cette longue attente va en rajouter à la souffrance de femmes », relève Pr. Aida Sylla.

SB