Port autonome d’Abidjan : Des rues transformées…en parkings

Port autonome d’Abidjan : Des rues transformées…en  parkings
Port autonome d’Abidjan : Des rues transformées…en parkings
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Port autonome d’Abidjan : Des rues transformées…en parkings

Embouteillage monstre. Bouchon terrible. Le Port autonome d’Abidjan n’est pas le boulevard Nandjui Abrogoua, mais c’est tout comme.  Impossible de circuler. Nous  en avons fait l’amère expérience le week-end dernier.

De Vridi, nous avions voulu rallier Treichville en passant par le port. Mauvaise idée ! La voie empruntée,  parce que n’étant pas bitumée et renfermant de nombreuses flaques d’eau, sert de parkings à des conducteurs mal inspirés. « Ici, on gare comme on peut. Il n’y a pas de parking spécifique », nous dit un chauffeur de camion à remorque, que nous sommes obligés d’amadouer pour nous frayer un passage. « Je vais dégager pour que vous puissiez passer mais faites vite, je dois garer au risque de perdre ma place », lance-t-il. Il a immobilisé son mastodonte sur la voie et pense être dans son bon droit. Au point qu’on doit le supplier pour dégager la route. « On gare comme on peut », répète-t-il. En fait, au Port autonome d’Abidjan règne un désordre effarant.  On gare comme on veut. Sans gêne !

Quand après moult zigzags pour se faufiler entre les camions stationnés ici et là, nous arrivons en plein port, le calvaire dont nous croyions être sorti, se… dresse devant nous, cette fois avec ses plus belles lettres de noblesse.

Parking en pleine chaussée

En pleine chaussée, des camions ont abandonné leurs remorques. A qui s’adresser pour avoir un tronçon de route ? « Essayer de trouver une autre voie. Ce n’est pas maintenant que celle-là sera libérée. Si vous voulez attendre, vous allez dormir ici », nous dit un employé d’une entreprise en passe de fermer pour cause de…voie d’accès obstruée. « Nos clients n’arrivent plus ici. C’est périlleux pour eux », ajoute-t-il. Une société menacée de mettre la clé sous le paillasson, juste parce que des conducteurs bouchent la voie qui mène à ses installations ? « Nous sommes une filiale d’un groupe international bien connu. C’est dire que les démarches à effectuer pour mettre de l’ordre ici n’ont pas été négligées. Sauf qu’elles n’ont pas produit d’effet. »

Des entreprises en passe de mettre la clé sous le paillasson

Difficile de croire qu’on ne puisse pas faire dégager des camions qui obstruent la voie. Nous décidons  d’y mettre de l’ordre. Nous cherchons les conducteurs et donnons de la voie. Nous apparaissons comme un extra-terrestre débarquant dans un monde inconnu. Un monde où l’anormalité a fini par s’imposer à tous comme étant la norme.

Un agent en fonction à la police du port nous explique leur ras-le-bol. « On fait ce qu’on peut, mais les chauffeurs sont incorrigibles. »

Si vous devez emprunter cette voie, pour vous rendre au travail ou à un rendez-vous, il  faut  s’y prendre très tôt, si vous ne voulez pas faire le reste du trajet à pied. On ne peut pas demander la même promptitude aux clients. Surtout lorsqu’il s’agit de faire sortir les marchandises. « Un camion qui vient s’approvisionner chez nous est obligé d’attendre tard la nuit pour sortir. A part les clients qui n’ont pas d’autres solutions, personne ne vient ici. Or, dans la sous-région, nous avons des concurrents sur d’autres ports. Conséquence : certains clients préfèrent aller ailleurs. Et pourtant, nous offrons les meilleures prestations », regrette un fabricant de pièces de rechange.

Des voies transformées en cimetière d’engins

Nous rebroussons chemin. Pour emprunter une autre ruelle. Là, nous tombons sur un garage d’engins devenu un cimetière de machines désuètes. Ici, c’est le comble !  L’on y abandonne ce dont il n’a plus besoin. Et carrément sur la voie. Tant pis pour les sociétés qui se trouvent là. Tant pis pour qui se hasarderait à se trouver sur cette route. « Faites demi-tour, il n’y a pas de route ici. Tout est bouché ».

Bouchon normal donc. Bouche bée pour les usagers que cette situation arrange. « On ne sait plus où il faut aller se plaindre. A force de subir les mêmes choses, malgré les lamentations, on a fini par s’habituer. Vous vous plaignez parce que c’est la première fois que vous arrivez ici. Sinon, nous on fait avec. »

Ce sont des employés complètement désœuvrés par manque de clients qui s’expriment ainsi. Quand nous sortons notre appareil photo, ils nous demandent à quelles fins nous prenons des images. « On demande parce qu’on est fatigué de dénoncer cela. On s’est plusieurs fois plaint, mais ça ne va pas quelque part. »

Le laxisme de la puissance publique

Beaucoup de rues au Port autonome d’Abidjan sont impraticables, tant elles sont soumises aux bouchons. Des embouteillages en partie dus aux stationnements anarchiques. Quand des mastodontes refusent de se ranger correctement avant d’éteindre leur moteur, la voie ne peut qu’être bouchée. « Nous-mêmes  sommes victime de ces mauvais stationnements. Quand tu dois charger pour aller au Mali par exemple, ta plus grosse inquiétude,  c’est comment sortir du port », révèle un routier. Chauffeur de camion à remorque,  il se donne toujours un jour  pour quitter Abidjan et ses embouteillages. « Le tronçon le plus difficile est la sortie du port. C’est toujours laborieux à cause des mauvais stationnements »

Dans cette ‘’jungle’’, certaines entreprises perdent leur clientèle. Et licencient sans que leurs employés leur en veuillent. Tant les voies obstruées asphyxient leurs entreprises. Les récriminations n’y ont rien changé. Les chauffeurs restent de marbre.

Personne  n’a jamais rien pu faire pour mettre de l’ordre. Parce que « les chauffeurs sont têtus ». Rien que pour ça !

Bledson Mathieu

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Pc 08 du 12/10/16