Côte d’Ivoire-Maroc: Les enjeux d’un match
Après le match nul enregistré par les Eléphants (0-0) au Mali lors de l’avant dernière journée des matches de qualification, les Lions de l’Atlas sont aux anges. Eux qui étaient à deux doigts derrière les Ivoiriens venaient de coiffer ces derniers, après une brillante victoire (3-0) à domicile, sur le Gabon. Avec un point d’avance sur la Côte d’Ivoire, désormais, le Maroc qui a disputé quatre Coupes du monde (1970, 1986,1994 et 1998), n’a jamais été si près du but, depuis sa dernière participation à la fête du football mondial. Du coup, l’entraîneur Hervé Renard, sa troupe et tout le royaume chérifien avec eux, se mettent à rêver de Russie 2018. Ils comptent mettre tout en œuvre pour écarter de leur chemin les gênants Eléphants de Marc Wilmots.
Pour les joueurs et leurs encadrements techniques respectifs, c’est un défi majeur. Il s’agit de montrer qu’aucun sacrifice n’est de trop pour défendre les couleurs de leur nation. Dans cette passion qui emballe tout le monde, les autorités marocaines ne sont pas en reste. Elles se disent prêtes à tout pour planter, au soir du 11 novembre 2017, leur drapeau sur la toiture du stade Houphouët-Boigny, à Abidjan. Et ce n’est pas de vains mots.
La Fédération royale marocaine de football (Frmf) est en train de déployer les grands moyens, pour « annexer » Abidjan. Faouzi Lekjaa, président de la Frmf, parle de 3000 supporters marocains pour ce match. Le sélectionneur national du Maroc, Hervé Renard, vient de quitter Abidjan où il était venu pour dit-on une mission de repérage. Confirmant ainsi la thèse évoquée quelques jours plus tôt dans la presse marocaine, selon laquelle les Lions de l’Atlas auraient l’intention de réquisitionner un hôtel entier, à Abidjan. Pour motiver l’équipe marocaine à se surpasser devant les Eléphants, Faouzi Lekjaa se prépare à proposer une prime importante aux joueurs.
Comme si les efforts de la Fédération royale marocaine ne suffisaient pas, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Rachid Talbi Alami, affirme avoir obtenu un accord avec la compagnie aérienne nationale, Ram, pour convoyer presque gracieusement les supporters marocains à Abidjan en aller et retour. De quoi interpeller leurs adversaires ivoiriens, qui ont également toutes leurs chances de qualification. A condition de dompter ces Lions de l’Atlas ici à Abidjan.
Il est vrai que contrairement aux Lions qui ont besoin d’un match nul, les Eléphants, eux, doivent absolument s’imposer. Ce n’est pas la mer à boire. Surtout que sur le papier, l’entraîneur Marc Wilmots a tous les ingrédients pour faire la sauce qui plaise aux Ivoiriens. Il va falloir, dans ce cas, faire un travail de fond au niveau psychologique. Car c’est à ce niveau que les Ivoiriens pèchent. C’est ce que la Côte d’Ivoire attend de Marc Wilmots. Il doit présenter de véritables guerriers face aux Lions de l’Atlas. Des joueurs qui viendront se battre comme dans une armée pour eux-mêmes, mais aussi pour la nation. C’est la seule condition pour être du voyage de la Russie et éviter que le football ivoirien s’enlise dans une crise sans issue.
PAUL BAGNINI