Frais d’inscription excessifs/Pr Assoumou Abroh Antoine (*Dexco): “Les établissements qui le pratiquent peuvent se voir retirer les étudiants ”

Frais d’inscription excessifs/Pr Assoumou Abroh Antoine (*Dexco): “Les établissements qui le pratiquent peuvent se voir retirer les étudiants ”

Nous avons constaté, sur le terrain, que certains établissements privés ne respectent pas l’arrêté ministériel fixant les frais d’inscription des affectés de l’État qui est de 85 mille francs. Que fait le ministère face à cette situation ?

Permettez que nous fassions un bref rappel pour mieux cerner les contours de cette question. Depuis son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire qui a affiché son ambition de disposer de ressources humaines de qualité, capables de répondre efficacement aux besoins de son économie et ce dans tous les domaines, oriente tous les bacheliers qui en font la demande vers les institutions d’enseignement supérieur, en prenant en charge les frais de scolarité.

Mais devant l’impossibilité d’accueillir tous les bacheliers dans les structures publiques d’enseignement supérieur et compte tenu de la volonté politique de ne laisser aucun bachelier sans possibilité de poursuivre ses études, l’État, via le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Mesrs), a concédé une partie de ses prérogatives au secteur privé d’enseignement supérieur tout en veillant à ce qu’il soit plus performant.

Votre constatation sur le terrain, constat que nous avons fait également, révèle que les frais d’inscription sont variables d’un établissement à l’autre, malgré la mise en application de l’arrêté ministériel portant harmonisation des frais d’inscription dans les établissements supérieurs privés, arrêté pris à la suite de larges concertations avec les faîtières des établissements privés, les fondateurs, les associations de parents d’étudiants et d’étudiants eux-mêmes. Ces concertations ont permis de dégager un consensus fixant les frais d’inscription à 85 000 FCfa, à charge pour l’État de payer les frais de scolarité de ces étudiants.

Votre constatation sur le terrain est vérifiée. C’est pourquoi des réunions de sensibilisation ont continué pour emmener toutes les parties prenantes au respect de cet arrêté ministériel. Mieux, un protocole d’accord portant sur les conditions d’affectation des étudiants dans les établissements privés d’enseignement supérieur a été élaboré entre le Mesrs représentant l’État et les promoteurs d’établissements privés. En outre, des campagnes de sensibilisation et des séances d’information sont organisées dans la presse pour assurer une large diffusion de ces dispositions. Ceux qui sont favorables à la vision du ministre Abdallah Albert Toikeusse Mabri ont commencé à signer ce protocole depuis le 24 décembre 2018, au cabinet du Mesrs et les signatures d’adhésion se poursuivent. Toutes ces démarches vont dans le sens du respect de ce dispositif réglementaire dans l’intérêt de tous : État, promoteurs privés, étudiants.

Quelles sont les sanctions prévues contre les contrevenants?

Nous ne parlerons pas de sanctions. En concédant une partie du service public de l’enseignement au privé, le ministère agit en toute responsabilité pour assurer la promotion d’un secteur privé d’enseignement supérieur plus performant. En retour, nous posons nos conditions d’adhésion ou pas. Il est loisible pour un promoteur de pratiquer librement ses tarifs de formation et dans ce cas spécifique, le ministère, après avoir dénoncé le non-respect du consensus portant sur les 85 mille francs de frais d’inscription, a pris les mesures suivantes : le retrait des établissements n’appliquant pas l’arrêté ministériel de la plateforme du Mesrs ; la signature du protocole d’accord avec les promoteurs d’établissements privés ; la réorientation des étudiants désireux de changer d’établissements privés.

Monsieur le directeur, que doit faire un étudiant à qui l’on demande de payer des frais d’inscription exorbitants?

Il peut bénéficier d’une nouvelle réorientation. Les étudiants concernés sont invités à s’inscrire sur la plateforme du Mesrs : www.orientationsup.net. Tout cela a eu un impact sur la date initiale de la rentrée académique qui est maintenant fixée au 14 janvier 2019. Nous tenons à rassurer toutes les parties prenantes, surtout les étudiants que le Mesrs ne ménagera aucun effort pour que l’arrêté n° 0147/MESrS/CAB du 2 novembre 2018 portant harmonisation des frais d’inscription pour les affectés de l’État dans les établissements privés d’enseignement supérieur soit respecté. C’est pourquoi, par un communiqué, ceux qui désirent changer d’établissements privés sont invités à le faire dans le délai imparti. Les formalités d’inscription pourront se poursuivent dès le retour des congés de Noël afin que les cours démarrent dans les meilleurs délais.

Interview réalisée par

Bledson Mathieu

* Directeur des Examens, des Concours et de l’Orientation (DEXCO)