Grève dans le secondaire et primaire: Une tentative de délogement d’élèves s’achève dans le sang à Adjamé
Comme si l’on se trouvait sur un champ de bataille. Les Jets d’objets ont fait plus trois blessés à la tête. Vers 11 heures, alors que les élèves étaient au cours, d’autres apprenants (filles et garçons) en uniforme se réclamant du lycée moderne Nangui Abrogoua, du lycée municipal de Williamsville, du lycée Harris d’Adjamé et de certains établissements ont tenté de les déloger.
Pierres, bouteilles, cailloux, barres de fer, bois volaient de partout. Des lance-pierres étaient aussi utilisés. Disséminés en face de l’entrée principale de l’école, les manifestants lançaient toutes sortes de projectiles à l’intérieur de l’école. Les portails ont reçu de nombreux et violents coups. La réponse ne se fait pas attendre par les élèves du lycée Amondji. Ce jeu de ping-pong a duré une cinquantaine de minutes.
Ce sont les gaz lacrymogènes des policiers et des gendarmes qui finiront par disperser les manifestants à 11h53. Un blessé, au visage ensanglanté, a dû être évacué dans formation sanitaire. Une autre élève à l’intérieur de l’école, étant allée prendre son sac en classe en vue de se mettre à l’abri du danger, a reçu un projectible en plein visage. Un pansement lui a été appliqué.
Face à ce spectacle désolant, N’Dja Kolé Jean Baptiste, le proviseur du lycée moderne Amondji Pierre, confie que 65% des enseignants étaient au cours. Il a dénoncé les jets de pierres et appelé les uns et les autres à l’apaisement. Il souhaite que les manifestants ne soient pas instrumentalisés. Le lycée Nangui Abrogoua a reçu aussi la visite d’un groupe de manifestants mais ces derniers ont échoué dans leur tentative de déloger les élèves de cet établissement.
Au groupe scolaire Jean Delafosse d’Adjamé sis aux 220 Logements, le silence régnait. Aucun écolier dans l’établissement. Idem pour la maternelle.
Dans les villes de l’intérieur du pays, les élèves du lycée moderne d’Alépé où les cours ne sont pas dispensés, des apprenants se réclamant de cet établissement, selon nos sources, ont délogé des élèves d’établissements secondaires à coups de pierres. Au primaire, ceux qui se sont rendus dans la matinée sont revenus à la maison. A Bingerville, tous les établissements publics n’ont pas fonctionné. A Soubré, le lycée moderne Charles Bauza Donwahi, le lycée moderne 1 et 2 Bernard Zadi Zaourou, le collège moderne ne sont pas en marge.
Dans cette localité, des élèves du public se sont prêtés à cet exercice de délogement leurs camarades des établissements privés. A Agboville, des habitants joints par téléphone ont affirmé que les établissements publics sont restés fermés. Cette situation, selon nos sources, a fait plomber la recette de certains conducteurs de taxi et vendeuses de pain aux abords des écoles. A Guiglo, d’une source informée, les enfants ont érigé momentanément des barricades pour protester contre la situation de grève.
Depuis hier, le Syndicat national des enseignants du second degré (Synesci) obverse ce qu’il qualifie de « semaine du silence ». Ses enseignants se rendent, en effet, au cours sans faire cours. Et ce, durant toute la semaine.
La revalorisation de l’indemnité de logement, la suppression des cours de mercredi matin, la rémunération de toutes les primes liées aux examens scolaires y compris l’instauration de l’intendance intégrée aux centres d’examen font partie des revendications de la Coalition des syndicats du secteur éducation et formation de Côte d’Ivoire (Cosef-ci), qui observe depuis deux semaines un arrêt de travail. Le Synesci observe également un mouvement de grève.
CHRISTIAN DALLET