C’est le cas de K.M, qui a perdu des millions Fcfa dans une transaction farfelue.

La victime, se disant homme d’affaires, est contactée téléphoniquement par un individu qui se présente comme son ami avec qui il aurait fait l’université. Les deux échangent, l’homme au bout du fil donne même le petit nom de K.M. Les deux échangent longuement, chacun donne ses dernières nouvelles, ce qu’il est devenu.

C’est ainsi que « l’ami » de K.M dit qu’il vit désormais à Londres et qu’il est en partenariat d’affaires avec des Israéliens. Dont un doit venir à Abidjan à la recherche des œufs de perroquet qui se revendent très cher. « Mon cher, c’est mon deal, mais comme tu es un homme bien, je veux te faire profiter pour te faire un peu de sou », raconte la victime à la barre.

L’interlocuteur de KM lui fait croire qu’il va acheter les œufs chez son fournisseur à 35 000 Fcfa et les revendre à l’Israélien au prix de 65.000 Fcfa. Toutefois, il lui dit qu’un homme l’appellerait pour l’aider à s’approvisionner.

Quelque temps après, KM est effectivement joint par un individu qui se présente comme le partenaire sur place du « londonien ». Un rendez-vous est pris le lendemain à Adjouffou, dans la commune de Port-Bouet sur la route de Grand-Bassam pour acheter les fameux œufs de perroquet.

Sur place, KM débourse 700.000 Fcfa pour obtenir les premiers œufs. Pendant qu’ils y sont, il reçoit un coup de fil de l’Israélien qui entretemps dit être arrivé à Abidjan et logerait dans un hôtel de la commune du Plateau. L’homme au bout du fil souhaite même dîner avec KM. Qui est de plus en plus rassuré. « Puisque l’homme avec qui j’avais discuté avait un accent d’européen », explique la victime.

Mais à Adjouffou, le vendeur explique à KM que compte tenu de la délicatesse des œufs de perroquet, il y a des porteurs spéciaux qui les déplacent. Sinon à la moindre erreur, tout est foutu et l’affaire est à l’eau. KM ne veut pour rien au monde perdre une affaire dans laquelle il doit revendre les œufs à 65.000 Fcfa, soit un bénéfice de près de 100%.

Pour le porteur, il débourse la somme de 100.000 CFA. Rendez-vous est pris le lendemain midi à l’hôtel du « blanc ». Avant l’heure du rendez-vous, le premier interlocuteur de KM le joint pour lui dire que son partenaire voudrait partir d’Abidjan avec au moins cinquante œufs s’il doit continuer de traiter avec lui.

Il faut encore trente œufs. Le vendeur à Adjouffou est contacté. Il ne peut plus en avoir, mais propose un autre vendeur qui serait dans un village vers Aboisso. Ce dernier donne suite à la demande. Il reçoit alors la somme de 1.050.000 Fcfa. Ici aussi, le porteur doit être rémunéré à hauteur de 100.000 Fcfa. Le deal est alors bouclé.

Pendant que KM attend, il reçoit un appel. Au bout du fil, un individu qui se présente comme le porteur du second vendeur. Il explique être tombé dans les filets des agents des Eaux et Forêts à Moossou (Grand-Bassam), parce qu’il n’aurait pas d’agrément pour transporter les œufs de perroquet.

Par ailleurs, les agents demanderaient la somme de 800.000 Fcfa pour le libérer. Pendant qu’il est au téléphone, le premier arnaqueur qui dit vivre à Londres tente de le joindre avec insistance. Ce dernier déconseille à KM d’aller au contact avec les agents des Eaux et Forêt. Cela risquerait de compliquer les choses.

Il propose de lui faire venir quelqu’un pour récupérer les sous. Naïvement KM s’exécute. L’attente dure, ses partenaires d’affaires n’appellent pas, l’homme s’inquiète. Lorsque KM tente de joindre le porteur, sa surprise est désagréable. Son numéro ne passe plus. Pareil pour tous les autres.

L’évidence est là, il vient de se faire arnaquer. Il porte plainte et entreprend des recherches personnelles qui seront fructueuses. A la barre, Karim, l’instigateur de toute cette manigance, tente de faire croire qu’il a été induit en erreur par un de ses amis.

Reconnu coupable, il est condamné à 24 mois de prison ferme. On ne le dira jamais assez, l’appât du gain facile a fait perdre tout bon sens à beaucoup de personnes en ce bas monde !

Marc Yevou