La polémique de la semaine: A la guerre comme à la guerre !
Voilà un autre, qui lui répond, qui doit nécessairement lui porter l’estocade dans son style, utilisant les mêmes mots, presque, et qui se rejoignent tous les deux dans le réseau sémantique de la violence par attaques verbales. C’est le pugilat verbal pratiqué par les élites et consorts, le sport favori désormais de ce pays.
A l’image des « enfants en conflit avec la loi » qui ont leurs couteaux et machettes pour taillader ; à l’image également des adultes, ceux qui devaient être des modèles pour eux, à leurs « pistolets chargés » rivés : les mots (Sartre). Prêts à tirer sur tout adversaire politique. Á la guerre comme à la guerre !
Et comme toujours, la presse s’en fait l’écho (on ne peut lui faire le reproche de jouer son rôle, celui d’être témoin de son temps ) de ces paroles, même de ces discours vilains qui sapent tout et qui liquident, petit à petit, l’immense espoir de retrouver ce pays comme il était hier, habité par tant de retenue verbale surtout.
De peur que l’édifice bâti par mille générations ne se déconstruise. Hélas ! Au milieu des gravats, des bruits de chantiers de ce pays au travail, élevant ponts, traçant routes, et structurant l’économie pour une croissance toujours maintenue, inquiètent cependant tous ces discours pour l’avenir. Comment ne pas s’en inquiéter face aux silences de ceux qui pouvaient être des adjuvants au pouvoir, pour faire baisser la tension ; je veux parler des guides religieux surtout, tapis dans le mutisme difficilement compréhensible.
Une voix me répond : « Ils font un travail de l’ombre ». Je dis, moi : « Qu’ils sortent donc de l’ombre et parlent sous les faisceaux lumineux afin que l’on entende, au grand jour, ce qu’ils disent dans cette ombre ! ». L’heure, ce me semble, est à la mise en stand-by de la diplomatie souterraine tant prisée par les hommes en soutane. Et de libérer la parole vivifiante qui va ramener les uns et les autres à de meilleurs sentiments.
Ce n’est pas leur rôle d’accompagner tout pouvoir en place, mais plutôt d’être des appareils de la tempérance qui cassent l’affolement des températures sociales au summum de leurs degrés normaux, pour faire baisser les tensions sociales. Mais leur silence…
Le mois dernier, le 6 février justement, convié à un petit déjeuner de presse organisé par une Plateforme, celle des Leaders Croyants pour la Paix, la Réconciliation, la Cohésion sociale et le Développement, en abrégé (CPLCRD) de Madeleine Yao, qui a eu lieu à la Communauté Mère du Divin Amour, sous le thème : « Agir maintenant, ensemble pour l’Unité, la Paix et la Cohésion sociale », avec comme contribution, celle de la presse autour de cette thématique : « Contribution de la presse pour l’unité, la paix et la cohésion sociale », un imam n’a pas manqué de fustiger le comportement de bon nombre d’hommes de Dieu devant le dieu Argent, qui leur fait prendre des postures difficilement compréhensibles. Aujourd’hui, tout semble se passer comme si ce pays avait besoin d’une voix qui impose la retenue pour sauver l’avenir.
Avenir ? Je veux parler de celle de l’école ivoirienne, secouée depuis par une si longue grève, la deuxième du genre après celle de 1990 de triste et mémorable souvenir. Il semble ne pas être la préoccupation, à part les spéculations autour de qui sera le prochain président du Parlement. Ce qui mobilise les uns et les autres, à la recherche de titres politiques, ce sont les spéculations « savantes » sur comment devra être configurée la si indépendante … prochaine Commission électorale indépendante (CEI).
La question de l’école ? On verra cela demain, peut-être. Même là si Société civile, qui n’a de civil que le nom, avec des leaders à la recherche de strapontins politiques, est- elle aussi muette. Ce qui l’intéresse ? Comment avoir place dans la distribution des postes. « Pitiant ! », comme le disait feu Bernard Ahua.
Demain, sans aucun doute, sortira le nom du prochain président du Parlement. C’est la passion de ce peuple : les titres. Qui font bander l’espoir d’un peuple ivre des titres de ceux qui le gouverne. Dont les discours, le plus souvent, l’éloignent de ce qui devait être sa mission première. Celle de ceux qui contribuent à chercher, vaille que vaille, la cohésion sociale avec des mots comme il faut.
Dans l’attente de ces mots porteurs d’espoir, prions, en ces moments où entrent en carême bon nombre d’Ivoiriens, que l’esprit de paix nous habite tous. Pour le salut de ce peuple. Qui ne demande que cela. En lieu et place des pugilats verbaux qui fracture la société.
Par Michel KOFFI