Lobo Gallet Diallo (Naturothérapeute et inventeur): Au cœur de la pharmacopée africaine
Teint clair du type sahélien, taille moyenne, elle a l’humilité des sachants et la personnalité captivante des dames qui accordent du prix à l’être humain et au travail bien fait. Une attitude qui, auprès des patients, lui vaut le surnom affectif de Tata Lobo ! Lobo Gallet Diallo a une voix apaisante lorsqu’elle parle de son travail et surtout de ses premiers pas dans le domaine de l’invention dans lequel elle se lance, guidée par les voies insondables de l’univers. « J’ai été fonctionnaire de l’État et j’étais secrétaire, agent de maîtrise aux Grands travaux (aujourd’hui ministère de la Construction). Je me suis lancée dans le domaine de la recherche dès 1984 et j’ai déposé, trois ans plus tard, en 1987, mon premier brevet d’invention à l’Organisation africaine de la propreté intellectuelle (Oapi) ».
Perfectionniste à souhait, elle continue ses recherches jusqu’à l’année du grand déclic : « En 2005, j’ai souffert pendant longtemps d’ulcère d’estomac. D’hôpital en hôpital, rien n’y fit». Lobo Gallet décide alors de questionner la tradition africaine en s’intéressant particulièrement aux plantes qu’elle tutoyait auparavant dans le domaine de l’agro-alimentaire. Les préparations lui réussissent. Son état de santé s’améliore. C’est le déclic ! Mais pour les besoins d’un traitement crédible dans un monde moderne, elle poursuit ses recherches.
Au Mali où elle se retrouve, le hasard lui sourit une fois encore, avec le Pr Harouna Kéita. Ce spécialiste de la pharmacopée africaine, convaincu de l’efficacité d’un produit capillaire à base de plante (pour la pousse des cheveux), qu’elle lui fait tester, voit en elle un spécialiste marqué par la volonté de faire chemin et de réussir dans le domaine. Ce professeur, propriétaire de dix mille hectares de plantes médicinales au Mali, décide alors de la former davantage à la connaissance des molécules de certaines plantes ; « Pour mettre un produit capillaire sur le marché, il faut des analyses de toxicologie, pour voir si le produit est toxique ou pas. Donc des analyses ont été faites avec de bons résultats. Alors, le professeur m’a proposé de faire des études sur les plantes. Nous avons donc travaillé ensemble. Il avait un excellent plateau technique pour nos recherches. Tout est véritablement parti de là », dit-elle. De retour à Abidjan, Lobo Gallet poursuit son rêve d’apporter un mieux-être aux personnes qui en ont besoin, à partir des vertus des plantes.
Un rêve longtemps caressé
Si l’adage enseigne que la propreté et l’embellissement de l’environnement jouent leur partition dans la guérison et le mieux-être d’un patient, « Tantie Lobo » l’aura bien compris et intégré dans son processus. À la cité Alabra 1 de la Riviera où elle vit et officie, sa coquette résidence où elle a aménagé une petite partie pour les besoins, ne désemplit pas. Surtout les mercredis et samedis consacrés aux consultations médicales. Entourée de ses collaborateurs, médecins classiques de diverses spécialités qui ont décidé de l’accompagner par conviction, elle écoute les patients, lit les résultats d’analyses médicales, jette un coup d’œil sur les médicaments de la pharmacie, prescrits ou déjà consommés, avant de proposer ses produits et assurer le suivi des malades par la lecture de réguliers résultats d’examens médicaux : « Je ne suis pas tradi-praticienne. Je suis naturo thérapeute et inventeur », précise-t-elle. A côté de la salle de consultations, une chambre dotée de deux lits juxtaposés fait office de chambre d’observation : «C’est pour des malades qui arrivent parfois en taxi et qui ont du mal à tenir assis ». Sur des étagères bien visibles, des bouteilles de différentes formes disposées donnent un aperçu des maladies combattues. En décoction, en sirop, en poudre ou en tisane, elle offre des remèdes contre divers types de cancers : de la prostate, du sein, du foie, du colon, du col de l’utérus ou du sang (leucémie) ; quelques patients, attendant leur passage à la salle de consultations, vantent les bienfaits de ses produits qui s’attaqueraient aux arthrites syphilitiques, douleurs articulaires et osseuses ; à la constipation due à une colopathie fonctionnelle ; à la fièvre typhoïde, aux hémorroïdes, aux ulcères ; à la toux ; à l’hypertension, à la sècheresse vaginale, au diabète, à l’hépatite B et C ; à l’anémie chronique. Des produits sollicités dans divers pays, aux États-Unis, Canada France, Congo, Sénégal, Gabon, Mali. Chez elle, l’espace cuisine n’existe presque plus car occupé par de grosses machines qui devront être acheminées sur un autre terrain en cours d’acquisition pour la construction d’un laboratoire commode.
Première femme titulaire du prix spécial de l’Oapi
Anciennement fonctionnaire de l’Etat ivoirien, Lobo Gallet qui a représenté la Côte d’Ivoire à plusieurs rendez-vous internationaux de l’invention, est la première femme titulaire du prix spécial de l’Oapi, décerné au Sénégal (à Dakar), en 1997. Mais avant, elle rafle en 1996 en Suisse (Genève) la Médaille d’argent de l’Organisation mondiale de la propreté intellectuelle (Ompi). C’était son premier prix reçu dans le domaine de l’invention. De succès en succès pour ses résultats de recherches approuvés, elle devient détentrice à l’International de 3 médailles d’Or, 5 médailles d’argent, une médaille de Bronze, dans le domaine de l’invention. Elle se souvient surtout du Prix spécial de la Confédération des entreprises coréennes pour lequel elle porte fièrement le titre de première femme africaine détentrice de ce prestigieux prix décerné en Corée.
Reconnaissance à l’international et pourtant…
En Côte d’Ivoire où son domaine la place sous la tutelle de deux ministères que sont ceux de la Santé et de l’Industrie, la vie semble tourner au ralenti... Aucune distinction. Aucune marque de reconnaissance au niveau national. Mais Lobo Gallet retrouve le sourire quand elle relate l’anecdote qui lui a valu la reconnaissance en Corée. «Pour l’heure, mon plus grand souvenir me renvoie à mes deux médailles d’or reçues en Corée. J’ai eu cette distinction parce que là-bas, j’ai pu soigner la femme d’un médecin coréen qui souffrait d’un cancer de la peau. Quand les démangeaisons commençaient, elle n’arrêtait pas de se gratter. Sur le stand d’exposition où je présentais mes inventions, l’ambassadeur m’a fait appel. Une fois en leur présence, le médecin concerné m’a posé la question de savoir si mes produits pouvaient faire quelque chose pour sa femme. J’ai proposé de tenter l’expérience avec mes produits de sang et celui contre le cancer, les deux associés. J’avais dix jours à passer en Corée pour le Salon. Mais le lendemain, après la prise de mon produit, c’était incroyable. Les plaques sur la peau de la malade avaient disparu. Pour elle, cela relevait du miracle. Je lui ai demandé de continuer à boire ce médicament jusqu’à ce que je quitte la Corée. Mais après trois jours, elle a été convaincue et expliquait chaque jour à son époux ce qu’elle ressentait de merveilleux dans son corps. La nouvelle s’est propagée. Sur mon stand, j’ai vu arriver vers moi, l’époux-médecin, à la tête d’un groupe de personnes qui affichaient un large sourire. Le médecin m’a serrée dans les bras en m’informant que sa femme est guérie. C’est cela l’histoire de la médaille qui m’a le plus émue ».
L’inventeur qu’elle est ne crains-t-elle pas une mésaventure à l’image de celle de Nanan Drobo, le célèbre chercheur contre le Vih/Sida et dont l’Afrique se souvient encore aujourd’hui ? « Oui parfois j’ai eu peur », répond Lobo Gallet. Qui se remet aussitôt à la justice divine. « J’ai peur mais j’arrive à vaincre cette peur quand je réalise que Dieu est au-dessus. Je me dis qu’une personne a beau se cacher mais si on veut l’avoir, on l’aura ». À travers « Savoir donner », l’Ong qu’elle a créée, elle pose des actes de bienfaisance en faisant chaque jour de sa vie un véritable don de soi pour le mieux-être des populations, à qui elle offre plusieurs prestations, tant au niveau de l’agro-alimentaire que dans le domaine strictement médical.
BRIGITTE GUIRATHÉ
Conseils de spécialiste du domaine de l’agro-alimentation en quelques lignes
Les heures des repas. Tout comme nous le confiait Bernard Dadié à la question sur le secret de sa longévité au cours d’une interview, Lobo Gallet a répondu : évitons de manger tard. Parce qu’au repos, à une heure précise les soirs, certains organes ne travaillent plus jusqu’au matin. L’illustre écrivain confiait avoir souvent évité de manger au-delà de 19 heures.
Boissons chaudes. Bonnes pour la santé, les boissons chaudes, telles que les tisanes, maintiennent à un seuil raisonnable, les principes actifs nécessaires à l’organisme.
Nos aliments. Généralement lourds, nos aliments sont quelque peu déconseillés les soirs. Évitons aussi de consommer les fruits les soirs et optez en cas de nécessité pour la consommation du riz jaune pauvre en amidon et bénéfique pour la santé.
B. Guirathé