Visite d’Etat : Tafiré, une ville qui aspire à l’émergence
Ce qui frappe à Tafiré, c’est d’abord la route internationale bien réhabilitée, qui la scinde en deux. C’est aussi, les logements sociaux qui sont, à l’entrée de la ville, en provenance de Niakaramandougou. A quelques encablures de là, il y a l’hôtel de ville, un bâtiment dont l’architecture magnifique contribue au charme de Tafiré. Tous ces éléments donnent, à la ville, à n’en point douter, l’allure d’une cité coquette. « Tafiré, aujourd’hui, est une ville ouverte, accueillante. Tout le monde est engagé pour son développement », révèle Charly Lobé, secrétaire général de la mairie qui nous a reçus, en l’absence du maire.
Pour notre interlocuteur, l’avenir de Tafiré est radieux : « Tafiré, demain, sera encore meilleure. Nous sommes en pleine émergence grâce à l’Etat de Côte d’Ivoire, des élus locaux et des cadres. C’est une ville coquette. Ici, les cadres s’entendent et participent au développement de leur localité », soutient-il, avec optimisme.
C’est le lieu de rappeler que Tafiré fut une ville glorieuse, au temps colonial. Quelques faits l’attestent bien : le chemin de fer ou la régie Abidjan-Niger (Ran). L’on se souvient que Tafiré était le deuxième dépôt d’entretien des trains et de tout le matériel roulant ferroviaire, après celui d’Abidjan, et avant ceux de Bouaké (Côte d’Ivoire) et de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). Il est important de rappeler aussi qu’en raison de ces infrastructures adaptées, c’est au dépôt de Tafiré que les locomotives pouvaient faire demi-tour, entre Bouaké et Bobo-Dioulasso, en cas de besoin.
Il y avait une usine appelée Dechaneau, à Badikaha, spécialisée dans la fabrication des sacs en fibres de sisal destinés à l’exportation. Tous les anciens reconnaissent que la matière première était produite sur place dans de grandes et vastes plantations créées à Badikaha.
Tafiré, une ville historique. En 1920 déjà, il y avait le lotissement d’un quartier résidentiel avec de grands lots de 3000 m2, non loin de la gare de train. Ce fut, certainement, le signe du boom économique. L’école primaire publique fut ouverte en 1944 à Tafiré. Et un autre fait marquant, le bitumage en 1956, de la traversée de Tafiré, sur l’axe routier Mali et Burkina.
Période de difficultés
Tafiré a connu, après des difficultés, un déclin. Les causes sont nombreuses. On peut citer, pêle-mêle, la délocalisation et le transfert du dépôt Ran de Tafiré à Ferkessédougou. Ce qui a occasionné le départ des grands commerces dont Cfao, l’exode massif des populations et la disparition de certains quartiers huppés : quartier Ran, Baoulébougou, par exemple.
Il y a eu également l’arrêt de programmes qualifiés de promoteurs du projet Soja à Badikaha dont les locaux administratifs et les silos avaient été déjà construits. On peut parler aussi de l’abandon, dans la broussaille, de plusieurs villas somptueuses à Badikaha.
La ville renaît
Aujourd’hui, Tafiré a des atouts pour rebondir. Outre la route internationale qui mène au Burkina Faso, Mali, Niger et qui traverse la ville, la voie ferrée allant d’Abidjan au Burkina Faso, passe par Tafiré.
D’un accès facile, Tafiré est devenue un marché régional qui draine du monde les samedis et dimanches. La Sucaf, l’ex-Sodesucre, contribue à cette effervescence. Côté économique, Tafiré a une population laborieuse qui récolte, tous les ans, des quantités considérables de vivriers : riz, maïs, igname, arachide, sorgho, patate, manioc et mil.
Outre les cultures vivrières, les cultures maraîchères sont pratiquées : oignons, tomate, aubergine, piment, etc. La sous-préfecture de Tafiré dispose aussi de plantations d’anacardiers, de manguiers et de citronniers.
Autres caractéristiques de Tafiré : le nombre assez élevé de cadres de haut niveau. On y compte des professeurs, des juristes, des ingénieurs de toutes spécialités, des médecins, des banquiers…et des journalistes dont le maire actuel. Ce conglomérat d’intelligentsia ne donne-t-il pas lieu à des joutes oratoires, à des querelles de personnes, à des conflits de leadership ? « L’entente entre les cadres, d’une part, et entre cadres et populations, d’autre part, constitue un modèle qui doit inspirer d’autres villes », déclare le secrétaire général de la mairie, Charly Lobé. Celui-ci soutient que Tafiré est positionnée sur l’orbite du progrès, parce qu’elle vit, aujourd’hui.
Emmanuel Kouassi
(Envoyé spécial à Tafiré)