En résidence de création, in situ, à la galerie Houkami Guyzagn, d’Abidjan Cocody Riviera plus d’un mois durant, le peintre, photographe et journaliste-blogueur nigérian, Anthony Nsofor, restitue cette collaboration artistique depuis le 13 septembre. A travers une exposition de peinture qui court jusqu’au 30 septembre, autour du thème : « Ballot and Beast of Power ». Traduisez : « Urne et Bétail électoral ».

Cette exposition organisée avec le concours de la Fondation Original – Arts & Culture, fait (re) découvrir une œuvre d’une chaleur chromatique qui trahit, paradoxalement, la charge émotive d’un artiste tourmenté par son environnement. Une charge qui inhibe le pinceau du peintre dans les méandres des micmacs politiques sous nos tropiques. Mais aussi dans les dédales de nos cités africaines, entre survie et opulence, mais où la recherche du viatique quotidien fait appel à une imagination renouvelée. En tout état cause, les propositions hominisées, les palettes, entre figuration et abstraction, laissent transpirer, certes, un tourment, mais point pessimiste. Pour l’artiste, ce qui vaut dans son Nigeria natal, vaut, tout aussi, pour ici et ailleurs. Car, ces « bêtes de somme » que sont, finalement, tous ces hommes et femmes  des villes et campagne, en quête du pain quotidien, sous le prisme de la corruption, deviennent, par trop souvent, un « bétail électoral ». Et pourtant, du pinceau de l’artiste, on se rend à l’évidence que ce sont, in fine, les politiciens qui souffrent de leurs propres tourments. Car, le peuple, quel que soit son niveau social, sait se trouver des éclairs de joie, de pur bonheur…

Un ton subtil mais vif comme ses toiles. En somme, Anthony Nsofor nous dépeint son environnement et particulièrement la vie contemporaine au Nigéria. Il indique qu’il préfère souvent parler de son pays, de ce qu’il connait. Ainsi des thématiques comme la préservation du patrimoine et de la culture, le tribalisme, la politique, le pétrole, l’argent, l’opulence, les fractures sociétales sont évoquées. Il montre le monde des constantes, des fractures, des divisions et confusions créées par l’homme. Son objectif, nous rappeler l’essence de nos rapports à travers nos confusions.

A travers la bonne centaine d’œuvre réalisées, on est formel qu’un tableau nous parle, oui nous parle, et de bien des manières. L’une des voies si fascinante par laquelle le tableau parle, avec Nsofor, ce sont les accidents, les maladresses ou les paresses ou ratés ou encore les réussites qui parcourent la surface peinte dans son état « final ».

Cette lumière, ce jaune, ce brillant qu’il arrive à créer avec l’aquarelle, les notations, le temps pris à rendre une pièce de tissu. On imagine l’obstination, l’exaspération, ou l’énergie du peintre à cet instant T et dans ce point P restreint de l’espace.

Depuis cette année, larguant les amarres d’avec son pays, Anthony Nsofor explore , 45 ans,l’Afrique de l’Ouest francophone. En effet, il débuta sa tournée africaine avec une exposition intitulée « Integration 4 » qui s’est tenue dans le cadre de la Biennale de Dakar 2018 dans le Dak’Art Off.  Abidjan étant la deuxième étape. Avant de rallier Conakry.

REMI COULIBALY

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