Campagne de commercialisation du cacao 2018-2019: Le prix bord champ du kilogramme fixé à 750 F Cfa

Campagne de commercialisation du cacao 2018-2019: Le prix bord champ du kilogramme fixé à 750 F Cfa

On a sacrifié à la tradition pour la nouvelle campagne débutée donc hier, 1er octobre ; le prix du kilogramme des fèves de cacao a été fixé par le Conseil du Café-Cacao, du reste structure organisatrice des Journées nationales du cacao et du chocolat (Jncc 2018) qui se tiennent depuis le 28 septembre, à l’Heden Golf Hôtel, et qui servent en quelque sorte de transition entre deux campagnes cacaoyères.

Cette année, le prix garanti aux producteurs sur toute l’étendue du territoire est fixé à 750 FCfa, contre 700 FCfa lors de la campagne 2017-2018. Une augmentation qui témoigne des efforts accomplis par le gouvernement pour le bien-être des producteurs, mais aussi pour la durabilité de la filière cacao. Car, d’après le directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Apporture Kouakou, qui représentait le ministre Sangafowa Coulibaly, à la clôture des Jncc 2018, « l’enjeu de l’action du gouvernement est de faire tout ce qui est possible pour bâtir un avenir plus sûr, plus prospère, plus durable et plus juste pour l’ensemble des acteurs de la filière cacao pour une Côte d’Ivoire émergente à l’horizon 2020. La fixation du prix garanti bord champ aux producteurs tenant compte des réalités sur le marché international participe de cette ambition ».

Ainsi donc, les 750 F Cfa retenu comme prix du kilogramme bord champ pour cette nouvelle campagne tient compte de plusieurs variables dont les fluctuations au niveau du marché international. Le Pca du Conseil du Café-Cacao, Lambert Kouassi Konan, qui l’annonçait est revenu sur le contexte de la décision. « Nous aurions souhaité faire mieux pour nos valeureux producteurs mais nous sommes contraints à la prudence dans la mesure où la campagne à venir s’ouvre dans un contexte encore relativement difficile marqué par des prix orienté à la baisse », a-t-il indiqué

L’ombre de 2016-2017 plane toujours

Au cours de la campagne 2016-2017, on se souvient que les cours sur le marché mondial avaient brutalement chuté en début d’année 2017. Une chute qui a créé un véritable choc en Côte d’Ivoire, premier pays producteur mondial de fèves, provoquant une crise profonde de la commercialisation. Après une remontée des cours du cacao de janvier à avril 2018, l’on a assisté depuis le mois de mai à un recul des cours en raison de prévisions haussières de la production de l’Afrique de l’Ouest.

« Cette baisse des cours est accentuée par des ventes techniques et spéculatives sur un marché devenu volatile. On note aussi des incertitudes sur le niveau de la Livre Sterling dues au Brexit. Il est bon de noter que malgré tout, les broyages augmentent et que les stocks mondiaux connaissent une baisse légère », a expliqué Lambert Kouassi Konan. L’un dans l’autre, avec le prix de 750 F Cfa annoncé, c’est tout de même un revenu supplémentaire d’environ 100 milliards de F Cfa que vont percevoir l’ensemble des producteurs.

Sur la campagne qui vient de s’achever, c’était 1 356 milliards de F Cfa de revenu brut qui ont été distribués aux producteurs ivoiriens. En ce qui concerne la présente campagne, d’autres précisions ont été apportées. Lambert Kouassi Konan a indiqué que le barème ne subirait pas de modification à l’exception de la taxe d’enregistrement qui passe à 1,5%. Il a aussi indiqué qu’aucune réfaction n’est autorisée sur le prix d’achat garanti de 750 F Cfa.

En outre, le dispositif de contrôle des prix et de la qualité est maintenu et la mise en œuvre de la péréquation transport, qui permettra aux opérateurs de percevoir le juste prix des frais de transport supportés, pour l’évacuation de leurs produits vers les ports. La durée de portage des stocks est limitée à 30 jours et la limitation du prix d’achat à l’entrée des usines de conditionnement au niveau admis au barème qui est de 845 F Cfa par kilogramme  hors transport.

« Tout contrevenant à cette disposition s’exposera à une sanction de 50 F Cfa par kilogramme », a mis en garde la Pca du Conseil du Café-Cacao. Les Jncc 2018 ont porté sur le thème : « La promotion de la consommation locale : une opportunité pour le développement de la filière cacao ». Un choix thématique salué par Apporture Kouakou, qui pense que « nous devons désormais œuvrer à exporter de moins en moins de fèves et nous inscrire de plus en plus dans la transformation ».

Avec sa production record de 2 019 479 tonnes en 2017, la Côte d’Ivoire demeure de loin le premier pays exportateur de fèves de cacao, représentant 40% de la production mondiale.

FAUSTIN EHOUMAN